2013, année du basculement des usages de la TV sur internet

Le Web bascule vers un Web audio visuel. « 2013 est l’année des basculements des usages de la TV sur internet » annonce Eric Scherer, directeur de la prospective et de la stratégie numérique de France Télévision. Il s’exprimait sur la scène du Hub Forum, le 10 octobre 2013, à l’espace Pierre Cardin (Paris).

« Nous ne sommes plus le seul écran, le public veut pouvoir choisir. C’est le cœur de la disruption » poursuit le directeur.  « C’est le consommateur qui choisit le moment et le lieu » insiste-t-il. Eric Scherer souligne que « nos petits enfants nous demanderont plus tard comment nous avons pu attendre 19 heures  ou 20 heures pour voir une émission. »

Selon lui, les gens ne veulent pas forcément faire des choses différentes mais ils veulent le faire plus facilement, de manière simple, pratique, et sans attendre. Si possible pour moins cher. Dans ce cadre la consommation de vidéo en ligne monte en puissance. «  En septembre, il y a eu 62 millions de vidéos vues sur les sites de France Télévision. Mais on est encore loin de la BBC avec 300 millions de vidéos vues, ce qui est l’équivalent de toutes les chaînes de TV françaises » indique-t-il.  Les émissions vues en ligne sont Plus belle la vie ou les émissions pour la jeunesse. « La vidéo sera la croissance d’internet » en déduit-il. Autre axe de croissance : le mobile. « Il y a eu 14 millions de téléchargements de l’application mobile, dont 1,5 million pour l’accès à l’information en ligne » complète-t-il.

L’impact d’internet sur la télévision concerne également les discussions autour des programmes via les média sociaux. C’est plutôt une bonne nouvelle, estime Eric Scherer : « une audience engagée via les réseaux sociaux vaut plus chère qu’une audience passive. » Les médias sociaux vont également modifier la manière de concevoir les programmes. « Nous allons inventer de nouvelles formes narratives, co-créer et co-produire avec le public » déclare le directeur.

Ces révolutions qui touchent la télévision nécessitent que les équipes s’adaptent et montent en compétences. «  Nous avons une université interne, on forme notamment les gens sur les médias sociaux. On essaie d’aider ceux  qui travaillent sur les programmes avec des boîtes à outils » explique-t-il.

Reste que ces changements peuvent inquiéter et susciter de la résistance au changement. « C’est un problème culturel dans les entreprises, il y a de l’appréhension, du déni. Certains se disent que ce n’est pas la peine de bouger et que ça tiendra bien jusqu’à leur retraite » constate Eric Scherer. Mais il préfère être clair : « nous ne sommes pas en train de quitter une période stable pour une autre période stable. Il n’y aura pas d’autre période stable ! »

Photo,  Eric Scherer de France Télévisions.