Pour réussir une stratégie Big Data, il faut en finir avec les gens qui se sentent propriétaires de certains silos de données dans l’entreprise. C’est ce que souligne Mathias Herberts, co-fondateur de Cityzen Data. Il a répondu aux questions de la Revue du Digital, le 10 mars à l’occasion du salon Big Data à Paris. Mathias Herberts sait de quoi il parle, il a mis en place le premier projet Big Data d’importance en France à la banque Crédit Mutuel Arkea.
Aspect organisationel
« Dans le Big Data, il y a un énorme aspect organisationnel, très souvent sous estimé, » pointe-t-il. Il précise : » il y a des entreprises où il y a énormément de silos informationnels. il y a des gens qui considèrent qu’ils sont propriétaires de ces silos. La première démarche est de tordre le cou à cette logique de propriété des données. »
Comment s’en sortir alors ? « La gouvernance doit faire comprendre à ces acteurs qu’ils ne sont pas propriétaires de ces données, de ces différents silos informationnels mais qu’ils en sont responsables. Ils en sont responsables sur la production de la donnée, sur sa qualité et sur sa diffusion pour que l’entreprise fonctionne bien » propose-t-il.
La direction générale
Pour que cela marche, « l’impulsion doit venir de la direction générale » affirme-t-il. Dans cette marche vers le Big Data, Mathias Herberts note qu’il y a des rôles que l’on ne trouve pas assez en France. Ce sont les Chief Information Officer, et les Chief Data Officer. « Et il y a un troisième rôle qui est trop souvent amalgamé avec celui de DSI, c’est celui de Chief Technology Officer, qui va donner la direction technologique de l’entreprise » précise-t-il.
Il faut que ces trois rôles soient clairement définis dans une démarche Big Data. Selon cet expert, le Chief Data Officer est celui qui va mordre les mollets de ces différents silos informationnels, le CIO aura une vision transverse des flux de l’entreprise, et le CTO mettra en place les outils technologiques pour exploiter ces données dans de bonnes conditions.
Définition claire
« Les trois rôles sont à définir dans beaucoup d’entreprises françaises et à placer directement sous la responsabilité du directeur général, et à ne pas amalgamer au DSI qui quoi qu’on dise a un rôle plutôt de support et non d’innovation dans les entreprises françaises » estime-t-il.
Quant à ce qui concerne le marketing, on le motive à prendre en main les données en lui faisant comprendre ce qu’il peut en tirer, pense-t-il. Et de citer l’exemple de Twitter ou de Google, où il a travaillé, chez lesquels le marketing a la possibilité de manipuler les données qui sont issues de l’interaction des utilisateurs de ces services. « Le marketing peut imaginer des choses, confronter ses hypothèses avec la réalité et de ce fait créer de nouveaux services » affirme-t-il.
Démarche globale
Au final, la note des entreprises françaises est en dessous de la moyenne en ce qui concerne le Big Data. « Enormément d’entreprises n’ont pas compris ces aspects organisationnels et se focalisent sur un ou deux projets Big Data, mais pas sur une démarche globale. Il serait temps qu’elles accélèrent » conclut-il.
Le smart data plutôt que le big data !