Le directeur général de Swift était dans ses petits souliers quand il a pris la parole lors du Paris Fintech Forum, le 31 janvier. GottFried Leibbrandt, directeur général de Swift, réseau en charge des transactions interbancaires au niveau mondial a été mis sous pression par son interviewer sur scène. Il aura été accusé de manquer d’innovation et rappelé aux failles de sécurité majeures qui ont affecté récemment le réseau qu’il dirige, en particulier au Bangladesh.
Des frustrations reconnues même par le DG
Le DG reconnaît que lui-même subit des frustrations quand il faut plusieurs jours pour réaliser une transaction sur le réseau Swift. Dès lors, il rappelle que Swift s’est orienté vers l’innovation des APIs (Interfaces de programmation applicative) il y a 2 ans afin d’améliorer la situation.
« Cette technologie est révolutionnaire, » dit-il parlant des APIs. « Cette technologie permet de tracer le paiement de bout en bout, avec une vérification d’une banque à l’autre. La moitié des virements est payé en moins d’une journée, » se félicite-t-il. Une plateforme de nouvelle génération GPI (Global Payment Initiative) a été créée par Swift, 15% des paiements sont liés à cette plateforme.
Interrogé sur le détournement de fonds ayant eu lieu au Bangladesh, le DG se défend : « c’est l’environnement de la banque locale qui a été compromis. Il y a dix millions de banques locales à sécuriser. » Swift fournit désormais des outils et des standards à respecter pour les banques locales. « 90% des banques sont en conformité avec nos standards, il ne suffit pas de l’être sur le papier mais dans la réalité » demande-t-il. Pour lui, les banques doivent monter en conformité. Pour cela, il est impératif de partager les informations entre les banques.
Pas la solution pour le moment
Et la blockchain dans tout cela ? Ce n’est pas la solution pour le moment estime le DG. « Pour moi, ce sont surtout les APIs la solution, » tranche-t-il. Cependant Swift dispose d’équipes blockchain qui testent les cas d’usage et des POC (Proof of concept) sur la blockchain, souligne-t-il. « J’ai l’impression qu’il n’y a pas tant d’usage que cela de la blockchain, » pointe également le DG. « Il faudrait qu’il y ait des monnaies existantes sur la blockchain, comme du crypto dollar, » ajoute-t-il. « C’est un problème de base installée, et de savoir ce que la blockchain résout comme problème, » dit-il.
L’interviewer aura alors mis le DG en question : « Ripple [NDLR : réseau de paiement interbancaire concurrent de Swift et s’appuyant sur la blockchain] déclare que votre solution GPI est un cheval alors que Ripple est une auto« . Conclusion de GottFried Leibbrandt : « On verra. Son véhicule sera peut être le passé« .