Ne pas se laisser dicter sa feuille de route par le client
Dans la foulée, il attire l’attention sur le risque que constitue le fait de suivre de trop près les demandes de ses clients qui demandent des personnalisations du produit de la startup. « Si vous vous faites dicter votre roadmap par vos clients, vous allez devenir une boîte de services, et vous êtes mort. Vous allez dévoyer votre société, et vous n’aurez pas la croissance à laquelle vous pouviez prétendre. »
Autre conseil, « il faut passer des heures à recruter » insiste Gilles Babinet qui regrette de négliger cet aspect actuellement. « Les anglo-saxons vous embrouillent quand ils passent un entretien, ils vous font croire qu’ils ont presque été patron de Procter & Gamble, alors qu’ils y ont juste fait un stage. » Récemment, il a été confronté à ce genre de situation. « Il y avait un gars que je voulais embaucher, et j’hésitais à faire le contrôle des références. J’ai finalement contrôlé, et il est apparu que le gars était parti avec la caisse » se souvient-il. Dans sa méthode, lorsqu’il demande des références, il appelle d’autres personnes que celles données par le candidat et il passe un seul coup de fil.
Proposer le meilleur produit ne suffit pas
En matière de croissance, il constate qu’il faut s’adapter en permanence. « Je suis au board d’une société de Cloud, et on est train de changer de braquet pour aller du Brésil vers l’Asie. » Ceci dit, proposer le meilleur produit ne suffit pas pour gagner des marchés. « Quand nous avons présenté Musiwave à Docomo [NDLR : premier opérateur mobile japonais], ils nous ont dit ‘votre service est meilleur que le nôtre, mais nous ne le prendrons pas’. Il y a des pays où les acteurs historiques sont privilégiés. » En revanche, Musiwave a été adopté par Vodafone, leader mondial.
La France s’avère un meilleur terreau pour l’innovation que l’on pourrait le croire. « L’écosystème est meilleur en France qu’à Londres ou en Allemagne. L’université de Lausanne va sortir une étude, avec du retard, elle montre que Paris est en tête en matière pour l’innovation » se félicite Gilles Babinet. En revanche, l’écosystème universitaire est sur la sellette selon lui. » Ce qui ne marche pas c’est l’écosystème universitaire. Cela ne marche pas de faire des partenariats avec une université en France » regrette-t-il.
La France manque d’entreprises de taille intermédiaire
Autre point, il n’y a pas d’ETI (Entreprise de Taille intermédiaire) en France. « Tout le monde va voir les grandes entreprises, et c’est l’embouteillage » décrit-il. Côté financier également, ce n’est pas terrible. « Pour que ça marche, il faut mettre les startups ensemble, il faut une taille critique, pour qu’elles discutent ensemble » préconise-t-il. La balle est dans le camp des maires. « Les villes de province doivent le faire, les maires doivent comprendre qu’il faut le faire alors qu’ils ont d’autres priorités sur leur liste, que de créer un bâtiment où placer des startups » reconnaît-il.
En conclusion, Gilles Babinet affirme que ce qui l’intéresse actuellement, c’est le machine Learning qui est très lié au Big Data. « Google et Apple travaillent sur ces sujets. La notion de Learning Machine est très puissant, c’est une rupture extrêmement majeure, plus que l’arrivée de la vidéo sur le Web » termine-t-il.