Face à l’augmentation sans précédent des attaques par rançongiciels (ransomware), l’Agence nationale en charge de la sécurité des systèmes d’information (Anssi) et le Ministère de la justice publient un guide afin de sensibiliser les entreprises et les collectivités. Les organisations – depuis le comité exécutif jusqu’aux collaborateurs – doivent se saisir de ces questions.
1 attaque d’entreprise par rançonnage tous les 2 jours
Depuis le début de l’année, l’Anssi a traité 104 attaques par rançongiciels, soit 1 attaque tous les 2 jours. Dès lors, l’Agence en partenariat avec la Direction des Affaires criminelles et des grâces (DACG) du Ministère de la Justice, publie le guide de sensibilisation et de prévention « Attaques par rançongiciels, tous concernés – Comment les anticiper et réagir en cas d’incident ? »
« Les acteurs privés comme publics sont encore trop peu conscients du risque et de leur propre vulnérabilité »
Le guide s’adresse en particulier aux dirigeants, ainsi qu’aux responsables informatiques des entreprises et des collectivités. Parmi ses recommandations, le guide insiste sur l’importance du dépôt de plainte en cas d’attaque par rançongiciel. « Le dépôt de plainte auprès des services de police ou de gendarmerie permet l’ouverture d’une enquête qui sera supervisée par des magistrats spécialisés et à l’issue de laquelle il sera éventuellement possible de déchiffrer les données altérées » explique Catherine Pignon, directrice de la DACG. « Déposer plainte peut surtout permettre d’identifier, interpeller et présenter les auteurs de l’attaque à la Justice, afin de mettre un terme au sentiment d’impunité des cyberdélinquants » ajoute-t-elle.
Des attaques opportunistes sur les entreprises faiblement protégées
Pour l’Anssi, l’immense majorité des attaques est opportuniste et profite du faible niveau de maturité en sécurité numérique des organisations victimes. Depuis 2018, l’Anssi observe une recrudescence des attaques par rançongiciels ciblant des organisations aux moyens financiers importants ou aux activités particulièrement critiques. L’importance de ces cibles fait entrer les rançongiciels dans la catégorie des attaques dites « Big Game Hunting ».
Les rançons demandées dans le cas du « Big Game Hunting » peuvent atteindre plusieurs millions d’euros
Les différents témoignages confirment un point clé : peu importe le secteur d’activité, les cyberattaques n’épargnent personne. « Aujourd’hui, il est important de rappeler aux organisations du secteur de la santé comme aux autres qu’il ne faut pas hésiter à se faire assister et solliciter un avis extérieur » souligne Cédric Hamelin, Responsable adjoint à la sécurité du système d’information du CHU de Rouen.
Le responsable sécurité doit avoir accès à tout le monde
Chez M6, on retient 3 enseignements. « Gérer une crise cyber, c’est à la fois mettre en œuvre un plan et jouer une partition non écrite. Sur ces deux volets, rien ne se fait seul ! Il faut rester calme, et cela ne marche que si l’on n’est pas seul. D’un point de vue plus organisationnel, cette expérience m’a conforté dans l’idée qu’un Responsable de la sécurité des systèmes d’information doit avoir un accès direct et facilité à tous les acteurs de la gestion de crise – directions et managers compris – pour préparer l’organisation à ces épreuves et y réagir le cas échéant » conseille Jérôme Lefébure, CFO, membre du directoire en charge des métiers de support du Groupe M6.
« Préparez-vous! On ne peut pas s’en sortir tout seul »
Afin de réduire les risques d’attaque par rançongiciels, l’Anssi conseille de sauvegarder les données ; maintenir à jour les logiciels et systèmes ; utiliser et maintenir à jour les logiciels antivirus ; cloisonner le système d’information ; limiter les droits des utilisateurs et les autorisations des applications ; maîtriser les accès internet ; mettre en œuvre une supervision des journaux d’historiques des équipements et des logiciels (logs) ; sensibiliser les collaborateurs ; évaluer l’opportunité de souscrire à une assurance cyber ; mettre en œuvre un plan de réponse aux cyberattaques ; penser à sa stratégie de communication en cas de crise cyber.
Ne pas payer la rançon
Le guide présente également des mesures techniques pour réagir face à une attaque par rançongiciel afin de réduire les pertes liées à une telle attaque. Il s’agit de piloter la gestion de la crise cyber ; faire appel à de l’assistance technique ; communiquer au juste niveau ; ne pas payer la rançon ; déposer plainte ; restaurer les systèmes depuis des sources saines.