Les infrastructures informatiques d’une entreprise sont stratégiques mais elles n’intéressent pas le business. Le patron des services partagés d’Aviva témoigne de la manière dont il a du rester totalement invisible tout déployant un Data Center centralisé pour l’Europe.
Les infrastructures informatiques sont le dernier souci des directions générales. Cela rend d’autant plus méritoire la réussite d’un projet dans ce domaine. « Le business, ce qu’il veut c’est ne pas entendre parler de l’infrastructure » résume Philippe Gibert, en charge des services partagés chez Aviva, sixième groupe d’assurance dans le monde. Il est intervenu le 19 novembre lors d’une table ronde sur la transformation des infrastructures informatiques à l’occasion d’un événement organisé par EMC à Paris.
Un projet de un an et demi
Philippe Gibert a centralisé l’infrastructure de serveurs d’Aviva pour l’Europe à Paris. Le projet s’est déroulé de mai 2009 au 31 décembre 2010. Le Mainframe pour sa part est resté en Angleterre. « J’ai loué 300 m2 à Paris, je n’en occupe que 120 m2 actuellement » indique-t-il. Ce qui montre combien la consolidation des machines aura permis de réduire le nombre de m2 nécessaires. Le budget des infrastructures du groupe Aviva s’élève à 1 milliard d’euros.
La décision de la consolidation des différents Data Center a été prise en 2009 lorsque la direction générale d’Aviva décide de s’organiser par régions (Grande Bretagne, Europe, Asie, Etats Unis). Philippe Gibert a du ainsi déplacer mille serveurs, x86 et AS400, représentant 5000 Mips tandis que le Mainframe pesant 40 000 Mips restait en Grande Bretagne
Etre transparent pour les utilisateurs
« On nous a demandé de délivrer en toute transparence, on time et on budget, sans impacter le service aux utilisateurs » reprend le patron des services partagés. A Paris, les serveurs sont virtualisés à 90%. « A l’occasion du projet, nous avons finalement jeté 25% de nos serveurs. Messieurs les responsables d’infrastructure, sachez que dans vos Data Centers, il y a un serveur sur quatre qui ne sert à rien, pour différentes raisons, parce qu’il n’est pas allumé, ou parce qu’il est obsolète, etc … » annonce-t-il
Quels sont les défis à relever dans le cadre de tels projets ? « Les défis sont politiques. Cela fait 35 ans que je travaille dans l’informatique. Les dirigeants ne se sont jamais préoccupés de l’endroit où étaient les Data Center ni les machines. Mais quand il a été question de centraliser tous les serveurs dans un seul Data Center, ils souhaitaient tous que ce Data Center soit dans leur région » se souvient-il. Autre point, « il faut choisir les bons consultants. J’ai pris Accenture mais Accenture en Italie. Si cela avait été un projet franco-français cela aurait été un échec car tout le monde se serait ligué contre » relève-t-il.
Panacher les équipes entre les pays …
Photo, de gauche à droite : Eric Chicha, de EMC, Laurent Kahn de Crédit Agricole Technologies, Vincent Coulier du SIIH et Philippe Gibert d’Aviva.