A l’heure du développement durable, le Green IT rebaptisé « frugalité ou sobriété numérique » ou « digital sustainability » fait son retour sur le devant de la scène. Concrètement, il s’agit de réduire l’empreinte écologique, ou les émissions de gaz à effet de serre dues à l’informatique et au numérique. Cela concerne aussi bien les Data Centers que les smartphones. Le « Green IT » avait fait la une de la presse il y a 10 ans et force est de contacter que depuis le sujet semblait avoir disparu des préoccupations des DSI et des entreprises.
La pression des réglementations européennes
C’est à une renaissance de la thématique que l’on assiste. Les réglementations européennes poussent à la frugalité. Un livre blanc du Cigref pointe que la loi Energie & Climat de novembre 2019 fixe la neutralité carbone en 2050. « L’Europe nous met des échéances, avec le Green Deal, il faut une réduction de 55% [NDLR : des émissions de carbone] d’ici 2030 » souligne Véronique Torner, membre de Syntec Numérique, en charge du programme Numérique Responsable et de l’initiative Planet Tech’Care. S’y ajoute la loi AGEC du 10 février 2020, la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire qui traite du recyclage et de l’obsolescence logicielle.
L’apport de l’informatique à la protection de la planète n’est pas mis en avant
Quoiqu’il en soit, les organisations abordent le sujet avec des maturités différentes. La Poste indéniablement possède une longueur d’avance. « Nous sommes sur le chemin de la sobriété numérique » commente Muriel Barnéoud, directrice de l’engagement sociétal du groupe La Poste. « Notre comité Green IT a été rebaptisé comité du numérique responsable. Il se réunit tous les 3 mois. Il est ouvert aux représentants RSE, à la DSI, et aux achats IT du groupe » présente-t-elle.
Les prestataires de La Poste seront inclus dans la démarche
En 2018, ce comité a mesuré l’empreinte du parc informatique de La Poste. L’enjeu est désormais l’extension des critères RSE aux prestataires de La Poste. « C’est un sujet fondamental, et la puissance d’achat est là pour transformer le monde » suggère Muriel Barnéoud. La Poste mesure les émissions de gaz à effet de serre (GES) en utilisant l’outil Green Argile développé avec la société Systancia.
« L’outil mesure les émissions de gaz à effet de serre en tenant compte de la fabrication de l’équipement«
Que manque-t-il à La Poste dans sa démarche actuellement ? « Nous réalisons des ACV, des analyses du cycle de vie, du début d’un produit jusqu’à sa fin. Aujourd’hui, nous le faisons sur nos offres une fois qu’elles ont été développées. Ce qui me manque ce sont les métriques qui permettraient d’avoir ces évaluations au moment où les Product Owners et où les marketeurs, commencent à concevoir une offre et à formuler leurs demandes » regrette Muriel Barnéoud.
Les clients veulent une Poste respectueuse de l’environnement
Quel est le secret pour réussir une démarche RSE ? « Le secret c’est de relier le sens et le business pour tous les sujets de préservation de la planète. Le sens est incarné dans les offres que nous faisons auprès de nos clients. Nous voulons une Poste neutre en carbone sur toutes ses composantes, et on l’est aujourd’hui. Nos clients nous le demandent. Ils ont commencé sur les aspects logistiques. Ils le demandent sur les offres numériques que nous mettons sur le marché. Nous n’avons pas le choix » conclut-elle.