Améliorer l’expérience client, c’est impératif pour les grandes surfaces qui n’ont plus la cote auprès des consommateurs. Dès lors, la grande distribution se tourne vers le Li-Fi, l’internet transmis par l’éclairage afin d’améliorer l’expérience en magasin et doper le chiffre d’affaires.
Localisation précise des clients et des produits
La technologie doit aider à augmenter le panier moyen du consommateur tout en simplifiant les courses alimentaires. Atout principal du Li-Fi selon ses promoteurs par rapport à une technique rivale telle que le beacon : une géolocalisation plus précise des produits, des promotions et des clients en magasin, de quoi gagner un avantage concurrentiel en informant le client au bon moment d’une bonne affaire et en fluidifiant l’expérience dans le supermarché.
Les géants E.Leclerc et Carrefour misent sur cette technologie. Intermarché, pour sa part, a préféré ne pas donner suite, après un test dès 2014. On peut noter que le distributeur a déjà par le passé été victime de ne s’intéresser à une technologie ou à une offre que lorsque ses concurrents la mettent en place, quand bien même ses équipes internes y avaient pensé avant.
Le Li-Fi meilleur que le beacon
Le Li-Fi devrait également aider à mieux comprendre le parcours du consommateur en magasin, afin d’optimiser les implantations de produits sur les linéaires. Au bout du compte, le Li-Fi résout trois problèmes posés par les beacons.
Il permet de savoir de quel coté de l’allée se situe le consommateur puisqu’on géo-localise le smartphone avec une précision de 10 cm. Le Li-Fi permet de réagir très rapidement avant que le consommateur n’ait changé d’allée. Et le LI-FI fonctionne sans limitation du nombre de personnes.
Si les beacons piétinent dans la grande distribution, c’est parce qu’ils cumulent les handicaps. Ils sont trop peu précis. Leur géo-localisation d’un smartphone est exacte à 3 à 5 mètres près. Leur temps de réponse est rédhibitoire. Il leur faut de 1 à 3 secondes pour identifier un mouvement. C’est trop lent car le caddy se sera déjà déplacé de plusieurs mètres.
Enfin, le beacon fonctionne par ondes-radio, il se crée un nuage électromagnétique quand il y a trop de monde. Au bout du compte, les beacons ne permettent pas de savoir savoir avec certitude si le consommateur est en train de s’intéresser au sucre, à la confiture ou aux pâtes à tartiner.
Réseau et éclairage à la fois
Côté coûts, un beacon installé revient entre 80 à 100 €, c’est le même prix que l’ensemble « ampoule avec Li-Fi intégré » qui évite d’avoir à payer des ampoules Led uniquement pour l’éclairage.
Dès lors, grâce au Li-Fi, la grande distribution pourrait bien parvenir à remplir son cahier des charges. Il lui faut installer des éclairages réduisant l’empreinte carbone tout en réalisant des économies. Autre enjeu, il lui faut aider les consommateurs à gagner du temps en les guidant à travers leur liste de courses. Le Li-Fi peut aider à redonner du souffle au modèle de l’hypermarché qui a atteint ses limites, car les gens s’y perdent.
Cela passe en particulier par comprendre le comportement des consommateurs en magasin, et notamment leur parcours d’achat. Il s’agit de simplifier les courses alimentaires et de les rendre plus agréables.
Et surtout, il faut arriver à augmenter le prix du panier moyen avec des promotions ciblées, contextuelles et géo-localisées, en individualisant en temps réel les promotions pour chaque consommateur, car la publicité de masse est trop présente et n’est plus efficace.
Guidé par mobile dans les linéaires
Les distributeurs expérimentent déjà l’application mobile afin de guider les clients dans les linéaires. Par exemple, l’application «C-où» créée par Carrefour utilise la géolocalisation par Li-Fi dans le magasin d’Euralille, plutôt que par beacons. L’application est disponible à la fois sur Android et sur Apple.
Prochainement, E.Leclerc va innover à Paris avec de nouveaux services Li-Fi. L’année dernière, il avait testé le Li-Fi près de Rennes et de Reims. Leroy Merlin, pour sa part, avait testé le Li-Fi, à Pékin. Toutes ces installations ont été réalisées avec la société Oledcomm.
Carrefour quant à lui, a installé du Li-Fi à Carrefour Euralille avec Philips, sachant que Schneider Electric a développé une offre Li-Fi avec Lucibel pour la grande distribution. En 2014, le pionnier Intermarché avait évalué cette technologie dans son supermarché de Crécy La Chapelle avec la technologie dOledcomm, avant de ne pas donner suite.
Le retour sur investissement est encore à prouver
Avant que la grande distribution ne passe à une adoption massive du Li-Fi, il reste à quantifier le retour sur investissement (ROI) des installations actuelles. C’est ce que pense Suat Topsu, fondateur d’Oledcomm, jeune société leader français du Li-Fi.
Les premières expériences doivent prouver leur rentabilité, d’un point de vue promotionnel et satisfaction du consommateur. Elles doivent ainsi démontrer une augmentation du panier moyen, et une expérience client améliorée. Réponse dans quelques mois avec le retour des essais chez Carrefour & Edouard Leclerc…
Afin d’accélérer l’arrivée de nouveaux usages du Li-Fi, Oledcomm propose depuis le 22 février une plateforme de développement baptisée « Lifinside » pour que les développeurs utilisent le SDK et les kits de développements Li-Fi d’Oledcomm. Cette démarche d’Open Innovation doit permettre d’inventer les nouveaux services de l’internet de la lumière.
Le LI-FI et tout s’éclaire
Le Li-Fi transmet des informations à un smartphone en utilisant les ondes lumineuses depuis les lampes de l’éclairage des magasins. Dans le même temps, il sert à géo-localiser un smartphone avec une précision de 10 centimètres, par triangulation, contre plusieurs mètres pour les beacons.
Pour transmettre ces informations, des ampoules Led s’allument et s’éteignent des milliers de fois par seconde de manière imperceptible pour l’œil humain mais visible par le smartphone. Il est alors inutile de devoir capter le Wi-Fi ou tout autre réseau 3G ou 4G pour communiquer avec les consommateurs sur le point de vente.
Le Li-Fi permet également de transmettre du contenu multimédia, des vidéos promotionnelles par exemple, jusqu’à dix fois plus rapidement qu’en Wi-Fi. Dès lors, les promotions seront contextuelles et arriveront à point nommé, permettant ainsi d’encourager l’achat d’impulsion.
Jean-Philippe Cunniet
Jean-philippe Cunniet est formateur en Big Data, Marketing Automation et Social Selling en B to B. Il est professeur à l'Essec et à l'Essca, membre de l'Observatoire de l'Ubérisation, conférencier et entrepreneur dans l'internet des objets.
Merci pour cet article.
Il reste un frein important indépendamment du coût d’installation de la technologie Li-Fi. Pour recevoir le signal, il faut ajouter un dongle au smartphone, ou prêter un tablette équipée au consommateur.
A quand des smartphones qui peuvent décrypter le signal Li-Fi ?
Avec l’ultrason, nous sommes compatible dés aujourd’hui avec tous les smartphones et l’onde sonore reste bien d’un côté du rayon, sans créer de nuage. Une réponse très adaptée aux enjeux de la Grande Distribution.
Bonsoir,
PHILIPS, leader mondial de l’éclairage propose une solution qui fonctionne sans ajout de dongle et permet une utilisation avec n’importe quel smartphone.
Regardez la vidéo YouTube Philips Carrefour Lille ! C’est bluffant !
Nous travaillons sur cette technologie LIFI et d’autres.
Tout à fait d’accord sur le beacon, un peu moins sur le lifi qui a besoin de temps pour une utilisation via les smartphones des utilisateurs finaux qui ne sont pas encore compatibles.
L’ultrason a à ce titre tous les avantages du Lifi décrits ici, sans les inconvénients, et à moindre coût.
Très intéressant !
En revanche, pas moyen d’envoyer une alerte promo à un consommateur qui a laissé son smartphone dans sa poche. La principale limite du système est que le portable doit être exposé à la lumière.