Rodolphe Belmer, successeur d’Elie Girard à la tête d’Atos, ne doit entrer en fonction qu’en janvier 2022, mais il s’implique déjà dans l’activité de sa future entreprise. Il a exigé un inventaire financier de l’ensemble d’Atos et de ses filiales. C’est ce que relève la lettre A. Le nouveau DG devra également s’intéresser aux activités qui sont en cours d’externalisation et à la fronde que cela suscite chez Atos.
Echec de l’acquisition de l’américain DXC
L’arrivée de Rodolphe Belmer a été annoncée le 20 octobre par le conseil d’administration d’Atos en réaction aux pressions des actionnaires en remplacement d’Elie Girard qui a été contraint de démissionner. Le désormais ex DG – remplacé par deux co DG par intérim – avait échoué dans son projet d’acquisition de l’américain DXC puis avait eu du mal à résoudre des problèmes comptables aux Etats-Unis.
Diplômé de HEC, Rodolphe Belmer est actuellement DG d’Eutelsat, opérateur de satellites pour la transmission des chaînes de télévision et de la connectivité haut débit. Il est en poste depuis six ans. Auparavant, il a été DG de Canal+ durant 11 ans. Il est présent au conseil d’administration de Netflix. Les deux entreprises Atos et Eutelsat se connaissent bien. En avril dernier, Eutelsat avait choisi Atos pour un contrat de 5 ans afin de réaliser le système de supervision de ses satellites.
Un leader du numérique sécurisé et décarboné
Le conseil d’administration d’Atos confie comme mandat à son futur DG le renforcement dans le digital, le Cloud, la sécurité et la décarbonation. Rodolphe Belmer doit transformer Atos en tant que leader mondial du numérique sécurisé et décarboné et poursuivre sa croissance aussi bien organique qu’à travers des acquisitions stratégiques. Le conseil d’administration d’Atos salue le « sens stratégique » de Rodolphe Belmer et le fait qu’il ait « démontré dans ses précédentes fonctions son efficacité managériale et opérationnelle, ainsi que sa capacité à diriger avec succès des transformations complexes ».
On note que le nouveau DG a surtout une expérience de 17 ans avec deux entreprises, Canal+ et Eutelsat dont les modèles économiques sont basés sur l’abonnement de ses clients, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises. Atos doit gagner ses contrats de service informatiques dans une intense compétition internationale et développer un modèle Cloud qui lui-même peut être facturé sur le modèle de l’abonnement. Reste que la différence de taille entre le petit Eutelsat et le géant Atos apparaît comme un sacré défi pour Rodolphe Belmer. Eutelsat c’est 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires prévu pour son exercice en cours, et 1200 employés présents dans 20 bureaux à l’international et ayant recours à des prestataires pour délivrer ses services alors qu’Atos emploie 105 000 personnes en interne dans le monde pour un chiffre d’affaires annuel de 11 milliards d’euros.