Le professeur Didier Raoult, célèbre pour sa promotion d’un traitement du Coronavirus avec de l’hydroxychloroquine s’insurge face à l’étude publiée le 22 mai dans la revue britannique The Lancet. Cette étude affirme l’inefficacité de son traitement, pire la mortalité serait plus élevée et on observerait des effets secondaires néfastes sur le coeur, avec une fréquence accrue des arythmies ventriculaires. Ce qui fait bondir Didier Raoult.
Les dossiers de 96 000 patients analysés
L’étude a été réalisée à partir des dossiers de 96 000 patients identifiés comme étant atteints du Coronavirus dans 671 hôpitaux sur les 6 continents entre décembre 2019 et avril 2020. Elle pointe l’inefficacité de l’usage de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine dans le traitement du virus et même son danger. L’étude a tenu compte de plusieurs facteurs tels que le délai d’administration du traitement, l’âge, le sexe, la race ou l’origine ethnique, l’indice de masse corporelle, les maladies cardiovasculaires sous-jacentes et ses facteurs de risque, le diabète, la maladie pulmonaire sous-jacente, le tabagisme, l’état immuno-supprimé et la gravité de la maladie de base.
L’âge moyen des malades était de 53 ans. Les signataires de l’étude sont catégoriques et enterrent le Professeur Raoult. « Nous n’avons trouvé aucune preuve du bénéfice de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine lorsqu’ils sont utilisés seuls ou avec un macrolide. Les preuves antérieures provenaient soit de petites études anecdotiques, soit de petits essais randomisés non concluants. Notre étude a inclus un grand nombre de patients dans plusieurs régions géographiques et fournit les preuves les plus solides du monde réel à ce jour sur l’utilité de ces schémas thérapeutiques » affirment-ils.
Une fantaisie complètement délirante
Le professeur Didier Raoult a réagi le 25 mai sur sa chaine Youtube. Il s’insurge face à cette analyse qu’il range dans la catégorie Big Data et déconnectée de la réalité des traitements. « Nous aussi, il nous est passé 4000 malades dans les mains. Ne croyez pas que je vais changer parce qu’il y a des gens qui font du Big Data, qui est une espèce de fantaisie complètement délirante qui prend des données dont on ne connaît pas la qualité, qui mélange tout, qui mélange des traitements dont on ne sait pas quelle est la dose que l’on a donnée. C’est sûr si vous prenez de l’hydroxychloroquine, on peut se suicider avec si on en prend trop » tance-t-il.
Il souligne qu’il a vérifié l’état du cœur des patients. « Comment voulez-vous qu’une étude foireuse faite avec les Big Data change ce que nous avons vu. Nous avons fait 10 000 électrocardiogrammes chez les malades qui ont eu cette maladie. Ils sont tous passés sous les yeux d’une équipe d’un cardiologue spécialisé dans l’analyse électrique du coeur. Je ne vais pas changer d’avis quelque soit le journal dans lequel une publication passe » ajoute-t-il.
Les conclusions sont différentes quand on voit les malades
Pour le médecin, si l’on se base uniquement sur des Big Data on passe à côté de la réalité. « C’est une analyse qui est faite de Big Data, c’est-à-dire pas par des gens qui ont pris en charge les malades mais par des gens qui ont analysé des données d’hôpitaux. Les conclusions sont complètement différentes quand les gens ont vu les malades. Normalement 9 fois sur 10, ils trouvent que l’hydroxychloroquine marche » affirme-t-il. En revanche, « quand les gens n’ont pas vu les malades, à chaque fois ils considèrent que cela ne marche pas » conclut-il.
Le 25 mai en fin de journée, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) a suspendu ses tests de l’hydroxychloroquine à la suite de la publication de l’étude du Lancet.