A l’heure où la crise sanitaire s’affaiblit, les annonceurs reprennent la mise en concurrence des agences pour leurs campagnes publicitaires. C’est le retour des appels d’offres et l’adoption d’une démarche à court terme. C’est ce que déplore Magali Flarens, DG de Mindshare, agence médias et marketing. Elle a pris la parole le 7 septembre, à l’occasion de l’événement de rentrée de l’Udecam, l’Union Des Entreprises de Conseil et Achat Média, organisé au Parc floral à Paris.
Les annonceurs émettent des signaux inquiétants pour les agences
Pour les agences, les signaux actuels émis par les annonceurs ne sont pas bons. « On revient un peu dans le dur. Il n’y a pas de très bons signes. On est rattrapé par quelques mauvais gros mots comme appels d’offres et inflation » dit-elle. « On voit à nouveau des pitchs démarrer, beaucoup. En ce moment, 3 clients sur 4 quittent leur agence à la suite d’un appel d’offres » constate-t-elle. Pourquoi ces changements d’agence ? « On dit qu’une grosse partie de la décision est faite sur le prix. Une grosse partie de la décision est aussi faite sur la transformation. Je pense que l’on est dans une démarche très court-termiste, de productivité, et on va au plus offrant » explique-t-elle.
La bourse, les actionnaires et le pilotage au trimestre expliquent l’attitude des annonceurs
En cette rentrée, Bertille Toledano, Présidente France de l’agence BETC, partage l’inquiétude de la dirigeante de Mindshare. Elle était aux côtés de Magali Flarens sur la scène de l’Udecam. Elle voit un appauvrissement du secteur de la communication, et s’inquiète de la possibilité de recruter les bons talents, car tout est humain dans ce secteur et la création ne peut pas être fait par une machine, insiste-t-elle. « On a essayé, ce n’était pas très bon ».
Le recul des revenus des services de communication est important
Elle cite comme indicateurs économiques, le cumul des chiffres d’affaires de la filière communication entre juin 2020 et juin 2021 qui s’établit à -9% tandis que la filière services dans son ensemble pour sa part est à -0,5%. « Donc cela veut dire que l’on est très en dessous. Il y a encore beaucoup de rattrapage et la relance n’est pas aussi forte dans nos métiers qu’elle l’est ailleurs » affirme-t-elle.
« On paie de moins en moins bien, on aura de plus en plus de mal à recruter des talents«
Il n’existe pas de machine dans les métiers de la communication. « Nous, on n’a pas de machines. Nos seules machines c’est l’homme. Je ne sais pas faire la machine à création. On l’a essayé et ce n’était pas très bon. La seule machine est humaine » tranche-t-elle. En conclusion, Bertille Teledano lance un appel à un meilleur partage de la valeur et de la croissance.