Avec le Cloud, c’est le retour du « best of breed » dans le PGI (Progiciel de gestion intégré) mais sur les deux années qui viennent, les entreprises n’auront aucune réponse pour intégrer ces nouveaux logiciels de gestion administrative et opérationnelle. C’est ce qu’annonce le cabinet d’analystes Gartner.
Les entreprises doivent réfléchir à détricoter ce qui a été savamment – et souvent dans la peine – déployé lors de l’installation de leurs gros logiciels de gestion intégrée (PGI), en anglais ERP (Enterprise Ressource Planning), ces dernières années, SAP ou Oracle en tête.
Le Cloud bouscule SAP et Oracle
C’est en substance ce que conseille le cabinet Gartner, qui pointe cependant que la quasi totalité des entreprises (90%), n’auront pas de vision de leur future stratégie d’intégration applicative avant deux ans. L’arrivée du Cloud Computing et de solutions délivrées en mode Saas bouscule les leaders mondiaux du PGI, SAP et Oracle.
« Les PGI post modernes représentent un changement fondamental depuis une suite intégrée d’un seul vendeur vers un environnement plus ouvert et fédéré, » selon Gartner. « On évolue vers plus d’agilité métier, mais pour cela il faut savoir répondre à une complexité croissante, » prévient le cabinet de consultants.
Selon Gartner, la majorité des entreprises vivent désormais dans une réalité hybride, plus complexe, suscitant de nouveaux défis d’intégration, d’analyse des données et de gouvernance. « Beaucoup d’entreprises qui évoluent depuis des systèmes monolithiques installés sous leur contrôle, reconnaissent qu’elles n’ont que peu d’aide pour intégrer les applications dans une ère post moderne, » affirme Gartner.
Les vendeurs n’aident pas
« Ces entreprises n’ont pas de stratégie, elles pensent naïvement que leurs fournisseurs vont s’en occuper. Les fournisseurs ne font pas cela, ce qui amène les entreprises à se débattre pour intégrer des applications quand elles prennent conscience de cette réalité. »
Le plus désolant est que même 25 ans après que les PGI aient été commercialisés, beaucoup de projets sont encore compromis côté délais, coûts et bénéfices métiers, avertit Gartner. Les entreprises doivent résister à la pression de leurs dirigeants qui veulent démarrer avant que l’organisation ne soit prête. Les intégrateurs et les vendeurs de PGI sont en cause. Pendant encore deux ans, 80% des entreprises n’auront pas les capacités de réussir une stratégie de PGI post moderne.
D’ici 2018, les entreprises vont sélectionner les projets de PGI post modernes qui créent de la valeur en moins de deux ans. Les utilisateurs finaux de leur côté ne font guère confiance dans ces investissements dans les PGI, et recherchent de nouvelles solutions et de nouveaux modes de déploiement qui délivrent de la valeur rapidement.
Echec des ERP du passé
« Les mauvaises pratiques du passé, et les excuses associées pour les mauvais résultats business, ne vont pas tenir très longtemps. L’intérêt pour les ERP post modernes tient à l’amélioration de l’agilité métier, grâce au déploiement de solutions et de services qui ciblent mieux les capacités du métier et répondent à d’autres besoins tels que l’expérience utilisateur, » pointe Gartner.
Il est temps que les importants investissements réalisés dans les PGI portent leurs fruits. Les vendeurs de PGI et les intégrateurs de systèmes doivent être meilleurs en ce qui concerne les implémentations, pour accélérer et s’occuper un peu plus des bénéfices de leurs activités pour l’entreprise cliente.
La migration vers des PGI « post modernes » est évoquée déjà depuis deux ans. Dès 2014, Claude Molly-Miton, président de l’USF, association française des utilisateurs de SAP, notait ce phénomène et avertissait les éditeurs de ne pas céder à la tentation d’augmenter leurs prix pour gérer cette transition.
4 ans sans évoluer
» Les éditeurs de PGI doivent comprendre que cette rente, qui leur procure des marges très confortables, est déjà à son maximum acceptable par les clients, et qu’ils feraient une grave erreur en voulant l’augmenter encore, par exemple en augmentant les taux de maintenance, et compromettraient leur avenir en risquant ni plus ni moins à termes de perdre leurs clients, » écrivait-il, dans le blog des Echos.
Il relevait que la tentation peut être grande de vouloir « profiter » le plus longtemps et le plus possible de la « rente » sur laquelle ces éditeurs sont encore assis pour quelques années, à travers les modèles de licences et de maintenance annuelle. Des modèles, « qui font que l’on rachète le PGI à son éditeur tous les 4 à 5 ans sans qu’il ait forcément beaucoup évolué, » affirmait-il.
Pour autant, il reconnaissait les contraintes pesant sur les éditeurs qui doivent à la fois migrer économiquement et technologiquement le Cloud.