Les plateformes sont un nouveau mode de consommation. Les gens les plus simples se les approprient de manière efficace, même si certains algorithmes de recommandation sont mauvais. C’est le point de vue de Christophe Benavent, responsable du Master Marketing Opérationnel International à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Il vient de publier le livre “PLATEFORMES”.
Question : comment les plateformes vont-elles se développer demain ?
Christophe Benavent : les plateformes sont un nouveau modèle d’organisation et de structure entrepreneuriale, au même titre que le concept d’entreprises multinationales ou pluri-nationales en leur temps. Elle se développent par “grappe”, au fil des années.
Depuis 2008, nous avons eu les plateformes de covoiturage, de l’hébergement de courte durée ou du taxi. En 2016, les plateformes de livraison & logistique sont en train d’émerger, et sans doute bientôt en France celles du crowd-funding, surtout le crowd-lending, et le travail à la demande. A un horizon un peu plus lointain ce sont les plateformes autours des objets connectés qui risquent de surgir. Cela ne fait que commencer.
Question : quel est l’apport de ces plateformes ?
Christophe Benavent : la force des plateformes efficaces n’est pas que la mise en relation, mais de susciter de bonnes relations. Cependant les algorithmes de recommandation sont encore très mauvais pour le moment, ce qui freine le développement de certaines plateformes. On entre dans le “monde à la demande”, avec le smartphone comme télécommande universelle de tous nos achats.
Question : que pensez-vous de la réaction des grands groupes français face aux nouvelles plateformes ?
Christophe Benavent : un seul grand groupe français a su réagir aux plateformes, le groupe Accor Hotel, avec la décision rapide et courageuse d’ouvrir sa plateforme de réservation. C’est un cas à suivre, car il donne de nombreuses indications sur comment la plateformisation est une réponse aux plateformes.
Question : comment faudrait-il fiscaliser les plateformes ou les usagers ?
Christophe Benavent : il est très délicat de définir la limite entre un revenu taxable et un simple partage de frais. Les utilisateurs mettent en place des stratégies très complètes face à la crise, comme ce quarantenaire qui réduit fortement tous ses frais de transport avec une plateforme de co-voiturage (BlaBlaCar) et un avertisseur de radars (Coyote) puis revend régulièrement ses voitures via son smartphone pour toujours être bien équipé à peu de frais : de l’économie collaborative, un objet connecté et un site de vente de voitures d’occasion !
C’est une personne qui n’a pas fait d’études, s’est construit sur le tas, de métier en métier. Les plateformes touchent les gens les plus simples, qui se les approprient de manière très efficace. De son point de vue, il ne fait que partager les frais pour pouvoir changer très souvent de voiture.
Jean-Philippe Cunniet
Jean-philippe Cunniet est formateur en Big Data, Marketing Automation et Social Selling en B to B. Il est professeur à l'Essec et à l'Essca, membre de l'Observatoire de l'Ubérisation, conférencier et entrepreneur dans l'internet des objets.