Les salariés français ignorent ce que signifie le terme « soft skills »

Pour les salariés, on devrait être d’abord évalué sur son implication

Les responsables RH utilisent fréquemment l’expression « soft skills » surtout dans le domaine de nouvelles technologies et ce terme surgit de temps en temps dans le langage des cadres dirigeants, pourtant une très grosse majorité des salariés du secteur privé français ne sait pas ce que signifie ce terme, qui apparaît comme du jargon.

Absence d’enthousiasme pour être évalué sur les soft skills

Une fois que l’on a expliqué aux salariés le sens des « soft skills », le fait d’être évalué en fonction de ces « soft skills » est jugé de manière particulièrement sévère. C’est ce que montre le sondage mené par l’institut OpinionWay pour la société Dropbox, spécialiste de l’échange informatisé de fichiers.

70% des salariés du privé ne voient pas ce que sont les soft skills

Avez-vous entendu parler des « soft skills »? 70% des personnes interrogées ne voient pas ce que c’est. La réponse monte à 80% chez les salariés des catégories socioprofessionnelles CSP- contre 56% pour les CSP+. OpinionWay a interrogé 1030 personnes représentatives des salariés français du secteur privé âgées de 18 ans et plus. Les interviews ont été réalisées du 21 au 27 février 2020.

Seulement 20% des salariés estiment bien savoir ce que sont les « soft skills ». Par ailleurs, ils sont 8% des salariés à considérer avoir déjà été évalués sur leurs « soft skills », il s’agit alors plutôt des 25-34 ans. 

Des avis mélangés par rapport à un recrutement

Les « soft skills » ce sont les compétences sociales, rappelle OpinionWay. Ces compétences désignent les qualités liées au comportement social et à la capacité relationnelle des salariés. Il s’agit par exemple de l’écoute, de l’empathie, de l’esprit d’équipe dans un contexte professionnel.

OpinionWay a expliqué aux sondés ce que sont les soft skills

Une fois que le terme « soft skills » est expliqué aux sondés par OpinionWay, ceux-ci montrent des avis particulièrement mélangés quant à la prise en compte de ces « soft skills » lors d’un recrutement.

En faveur de la prise en compte des soft skills, les sondés pensent qu’elle permettent de témoigner de son aptitude et de sa motivation (75%) ; ils estiment que pour le recruteur, les soft skills permettent de cerner les qualités et le potentiel d’un candidat (74%) ; ils pensent que les recruteurs devraient accorder plus d’importance aux soft skills (65%) et que les soft skills sont devenues incontournables pour briguer un poste (61%).

Les soft skills difficiles à évaluer lors d’un entretien

En défaveur de la prise en compte des soft skills lors d’un entretien de recrutement, les sondés estiment que les soft skills sont difficilement évaluables en entretien (74%) ; que les soft skills introduisent un biais lors de l’embauche (67%) et que les soft skills ne devraient pas être pris en compte lors de la sélection d’un candidat (47%).

Favoriser les « soft skills » peut freiner la promotion d’employés introvertis

A plus long terme, être évalué dans son entreprise sur ses « soft skills » est jugé de manière plutôt sévère. Pour les sondés, favoriser les « soft skills » peut freiner la promotion d’employés introvertis (76%) ; cela peut inciter les salariés à se présenter sous un faux jour (68%) ; juger les « soft skills » est arbitraire (67%) ; favoriser les « soft skills » peut freiner la promotion d’employés compétents (66%) ; privilégier les « soft skills » risque de favoriser le copinage dans l’entreprise (61%) ; privilégier les « soft skills » crée un risque d’uniformisation des salariés (56%) ;  la sélection professionnelle basée sur les soft skills favorise les salariés issus de milieux privilégiés (49%).

Coté apports positifs, les sondés pensent que les soft skills permettent de détecter les potentiels d’évolution des salariés (64%) ; la prise en compte des soft skills a permis d’améliorer le fonctionnement des équipes en entreprise (64%) et les soft skills sont un élément clé dans la création d’une culture d’entreprise (61%).

L’esprit d’équipe plutôt que l’intelligence émotionnelle


Au début du sondage, avant d’être interrogés sur leur connaissance de l’expression « soft skills », les sondés ont donné leur avis sur les critères à prendre en compte lors de l’évaluation d’un salarié. Les critères privilégiés comportent en particulier la valorisation de l’esprit d’équipe (50%), ce qui rejoint les soft skills mais l’intelligence émotionnelle n’est alors mise en avant que pour 8% des sondés, alors qu’elle fait partie des « soft skills ».

Un salarié devrait être d’abord évalué sur son implication dans le travail

Pour les sondés, un salarié devrait être d’abord évalué sur son implication dans le travail (70%), sur ses savoir-faire et expertise technique (59%), son esprit d’équipe (50%), sa capacité à atteindre les objectifs qui lui sont fixés (46%), sa personnalité (23%), sa créativité (22%), son intelligence émotionnelle (8%) et sa contribution financière à l’entreprise (6%).

Etre évalué sur autre chose que ses compétences intellectuelles ou techniques ? Les réponses sont alors encore particulièrement mélangées. En défaveur de ce changement, les salariés estiment que ce serait trop subjectif (63%), une pression supplémentaire pour le salarié (62%), pénalisant (47%) et une menace pour son poste (39%). Mais dans le même temps, ils estiment que cela serait bénéfique (56%) et motivant (53%).

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