Le nouveau logiciel de paiement des soldes des personnels militaires entre dans une phase de qualification à partir de mars prochain. Si tout va bien, il devrait être en service pour la marine nationale à partir de la mi 2017.
A partir de mars prochain, le nouveau logiciel « Source Solde » chargé de calculer les soldes de 250 000 militaires entre dans une phase de qualification, dans sa version de base en parallèle de l’usage du logiciel Louvois, voué à disparaître.
Point d’étape
Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, a fait un point d’étape, vendredi 15 janvier dernier. Le ministre a rencontré les équipes projet et les utilisateurs, à Balard.
La qualification consiste à vérifier la conformité du logiciel aux exigences de l’administration, avant de passer aux phases de calcul de soldes à blanc – à partir de juillet 2016 – puis de soldes en double – à partir de février 2017 – avec la marine nationale. Puis au second semestre 2017, Source Solde doit passer – si tout va bien – en service opérationnel pour la marine.
En 2018, ce sera la mise en service opérationnel pour l’armée de terre – c’est le plus gros des effectifs – et en 2019, ce sera le tour du service de santé des armées et l’armée de l’air.
La DGA aux commandes
Source Solde est actuellement dans sa phase de réalisation qui occupe 12 ingénieurs de la DGA (Direction générale de l’armement), spécialistes en conduite de projet sur les systèmes d’information. La DGA assume la responsabilité de pilotage.
Vngt cinq personnes de la Direction des ressources humaines du ministère de la défense (DRH MD), des spécialistes du métier de la solde, apportent pour leur part leur connaissance du métier alors que les ingénieurs de la DGA n’ont aucune responsabilité fonctionnelle.
Et on dénombre cinquante personnes de Sopra Steria sur la réalisation. La phase de test débute en mars auprès de la marine avec une première mise en service prévue pour le second semestre 2017. La stabilisation du système est prévue pour 2020.
La réalisation du logiciel Source Solde a été attribuée à Sopra Steria et à sa filiale HR Software, éditrice d’un logiciel de gestion de ressources humaines HR Access, en avril 2015, pour un montant maximal de 128 millions d’euros sur dix ans.
Un casse tête
Le logiciel est un casse tête à réaliser. Sa complexité est édifiante. Il établit les soldes de chaque militaire à partir de 220 éléments de rémunération et s’interface avec dix-huit systèmes d’information, dont les quatre systèmes d’information des ressources humaines des trois armées et du service de santé des armées, chaque système d’information RH étant indépendant et présentant des différences significatives.
Le montant de 128 millions d’euros recouvre l’achat des licences d’exploitation des progiciels, le travail de développement et de paramétrage, ainsi que les tests et la conduite du changement, dont la formation des utilisateurs au nouvel outil. Il comprend aussi la mise en service et la maintenance corrective et évolutive du système jusqu’en 2025. Pour l’heure, c’est Louvois qui sort les soldes grâce aux interventions manuelles de plusieurs centaines de personnes.
Sopra Steria : on prend les mêmes et on recommence ?
Philippe Vitel, député Les Républicains, s’étonnait en juin dernier, que l’on retrouve les sociétés de services informatiques Sopra et Steria dans le projet Source Solde des armées, alors que les deux étaient liées au projet Louvois et au projet de paie des fonctionnaires (ONP ou Office National de Paye) qui ont coûteusement échoué.
C’est le logiciel HR Access – de nouveau retenu pour le projet Source Solde – de HR Software filiale de Sopra qui devait être le coeur du système de paie des fonctionnaires avant que le projet ne soit stoppé en passant 346 millions d’euros par pertes et profiis. Et Steria était le concepteur de Louvois et l’intégrateur du portail de paie ONP. Bref, un historique qui suscite l’inquiétude.
Sopra détenteur du contrat « Source Solde » avait alors été dédouané par Caroline Gervais, ingénieure générale de l’armement, pilote pour la DGA du projet. « Certes, HR Software, filiale de Sopra et éditeur du logiciel HR Access, a participé au projet de l’ONP. Cependant, le rapport de Jacques Marzin, directeur de la DISIC, ne met pas en cause HR Access, dénonçant surtout un projet d’une complexité extrême et une gouvernance un peu compliquée entre les différents ministères concernés, » disait-elle.
Quant au lien entre Sopra et Steria, les deux constituant désormais la société SopraSteria, le marché a été attribué à Sopra, insistait-t-elle. Steria lors de la réponse à l’appel d’offres était sous traitant d’Atos, qui n’avait pas été retenu. Sopra aura été la seule équipe avec laquelle la DGA a traité, l’équipe de Steria n’apparaissant jamais, même depuis la réalisation.