L’association des utilisateurs de SAP francophones (L’USF) semble avoir été un peu prise de court à l’annonce d’une enquête menée par l’Autorité de la Concurrence concernant SAP à la suite d’une saisine du Cigref, le Club informatique des grandes entreprises françaises.
Invitation à tous de prendre part à l’enquête de l’Autorité de la concurrence
L’association souhaite toutefois réagir. Mais sa réaction interroge. En effet, l’USF invite tous les acteurs, clients SAP ou pas, sollicités par l’Autorité de la Concurrence et l’éditeur SAP lui-même, à prendre part à l’enquête et à s’y investir pleinement. Bref, l’USF demande aux entreprises de respecter la loi, c’est-à-dire de répondre aux questions que l’on va leur poser et de le faire avec sincérité et professionnalisme.
L’USF aborde les sujets qui fâchent avec SAP tels que les accès indirects, la valeur du support ou la nécessité de migrer vers S/4HANA
L’USF souligne que ses intentions sur ces points sont en accord avec celles du Cigref qu’elle considère comme militant à un niveau plus transverse, c’est-à-dire avec tous les éditeurs de logiciels du marché et pas seulement avec SAP comme elle le fait. On peut relever toutefois qu’en fin de 2021, l’USF se félicitait d’un meilleur climat avec SAP, et parlait d’« une ère de dialogue constructive entre SAP et ses utilisateurs. » Cela ne devait pas être si constructif que cela au vu de l’enquête désormais enclenchée.
Une opportunité unique de clarifier la situation avec SAP
Moins ironiquement, on voit que l’USF veut considérer cette enquête de l’Autorité de la concurrence comme une opportunité unique et stratégique de fixer le cadre permettant de clarifier la situation. L’association considère qu’il s’agit de l’intérêt des utilisateurs de produits SAP, afin de pouvoir évoluer avec des outils informatiques sûrs et clairement maîtrisés et c’est d’autre part aussi l’intérêt de l’éditeur SAP d’y parvenir, pour affirmer davantage son image de partenaire stratégique de ses clients sur le long terme.
Le défi est de fluidifier le jeu entre les acteurs en leur définissant un cadre pour garantir le respect des règles sur le long terme
SAP est le fournisseur d’un logiciel de gestion clé dans les grandes entreprises, organisant les processus de commande et de facturation. SAP a réalisé un chiffre d’affaires de 28 milliards d’euros en 2021 et emploie 107 000 personnes dans le monde. A titre de comparaison, Dassault Systèmes, le plus grand éditeur de logiciels français, est près de six fois plus petit, avec un chiffre d’affaires de 4,8 milliards d’euros.
Les entreprises trainent les pieds pour migrer vers SAP S/4HANA
Une grande attention est actuellement portée aux migrations à venir des entreprises vers SAP S/4HANA, relève le cabinet d’analystes PAC. La fin de la maintenance standard des actuels systèmes SAP est prévue pour 2027. Cela oblige les entreprises à changer leur système SAP.
Sur le terrain, la mise en œuvre de cette migration s’effectue lentement selon l’étude menée par PAC auprès de 350 entreprises en France. Seulement 5% des entreprises ont fini leur migration vers S/4HANA et la plupart des entreprises sont en cours sur le sujet. Dans le détail, 16% des entreprises prévoient d’avoir achevé leur migration vers S/4HANA d’ici 1 an et demi, fin 2023. Sinon, 28% des entreprises prévoient de démarrer la migration d’ici 2023 et 26% se préparent mais n’ont pas fixé d’agenda. Toutefois, même si les entreprises trainent les pieds, à peine, 5% pensent adopter un autre ERP du marché plutôt que de migrer vers S/4HANA.
Les approches pour réaliser cette migration sont réparties en trois grandes catégories, 25% des entreprises ont prévu un projet « greenfield », où on repart de zéro, quand 38% penchent pour une approche » brownfield », proche d’une montée progressive de version logicielle, et 38% pour une approche mixte.
L’approche « greenfield » consiste à réaliser une nouvelle implémentation de SAP S/4HANA et doit permettre une refonte totale du système et une simplification des processus. L’approche « brownfield » est une conversion de système. Il s’agit de migrer vers SAP S/4HANA sans procéder à une nouvelle implémentation, et sans perturber les processus métiers existants et où l’on peut utiliser des modules anciens.
Enfin, les migrations se feront sur des environnements sur site pour près de la moitié des entreprises, principalement pour des raisons de sécurité des données. On relève que plus d’un quart des entreprises ont choisi un environnement « full Cloud » et moins de 20% iront plutôt vers un modèle hybride.