Le rapport annuel de Meta, maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, rappelle que le groupe pourrait interrompre ses services en Europe s’il ne peut pas continuer à transférer les données de ses utilisateurs européens vers ses serveurs situés aux Etats-Unis.
Une possibilité d’arrêt des activités déjà évoquée en 2020
Cette possibilité d’arrêt des services avait déjà été évoquée en septembre 2020 lors de l’annonce de la fin du Privacy Shield à la suite de l’action en justice du juriste autrichien Max Schrems. A l’époque, Facebook s’était vu demandé de stopper ses transferts de données qui utilisent le cadre juridique des clauses contractuelles standard (SCC Standard Contractuel Clauses). Meta est désormais dans l’attente d’une décision des autorités. « Nous pensons qu’une décision finale dans cette enquête pourrait être rendue dès le premier semestre 2022 » écrit Meta dans son nouveau rapport annuel.
Dès lors, Meta déclare qu’il devrait probablement stopper ses services tels que Facebook ou Instagram s’il n’est pas autorisé à transférer des données depuis l’Europe vers les Etats-Unis, ceci si un nouveau cadre transatlantique de transfert de données n’est pas adopté et qu’il n’est pas en mesure de continuer à compter sur les clauses SCC ou sur d’autres moyens alternatifs de transfert de données.
Meta n’a pas de désir ni de plan pour interrompre ses services
Cette description de l’interruption potentielle de ses services en Europe a été largement relativisée par Meta. Via différents porte-paroles en France ou aux Etats-Unis, Meta indique ne pas avoir de désir ni de plans pour stopper ses activités en Europe. Le site financier CityAM, cite en outre Nick Clegg, Vice Président Global Affairs and Communications de Meta qui pour sa part veut démontrer que Meta n’est pas seul concerné par l’absence d’un cadre réglementaire applicable sur les transferts de données entre l’Europe et les autres pays.
« Dans le pire des cas, cela pourrait signifier qu’une petite start-up technologique en Allemagne ne serait plus en mesure d’utiliser un fournisseur de Cloud basé aux États-Unis » illustre-t-il. « Une société espagnole de développement de produits ne pourrait plus être en mesure de gérer une opération sur plusieurs fuseaux horaires. Un commerçant français peut découvrir qu’il ne peut plus maintenir un centre d’appels au Maroc » a-t-il ajouté.
Meta a perdu 30% de sa valeur en bourse en quelques jours
Côté Europe, on indique être toujours en négociation pour fixer un nouveau cadre d’échange de données avec les Etats-Unis. Quoiqu’il en soit, on voit mal Meta quitter l’Europe, qui rien qu’avec Facebook réunit 309 millions d’utilisateurs quotidiens. Côté moyens de pression possible, Meta dispose notamment de l’arme de l’emploi. Le réseau social avait annoncé en octobre 2021 vouloir recruter 10 000 personnes sur 5 ans en Europe.
Ces nouveaux venus rejoindraient les milliers d’employés de Meta déjà présents sur le vieux continent afin de préparer la prochaine étape de l’expérience sociale, le métavers. En France, Facebook dispose déjà d’un laboratoire d’intelligence artificielle. A court terme, Meta a toutefois perdu 30% de sa valeur en bourse depuis l’annonce de ses résultats financiers de 2021, le 3 février dernier.