Avec l’objectif de créer un numérique plus respectueux de la nature, c’est plutôt un sacré coup de frein à l’innovation informatique et multimédia qui semble s’annoncer avec le document sur la transition numérique et environnement, que vient de publier Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, associée à Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la transition numérique. Les propositions des deux ministres apparaissent largement critiquables. Ils se focalisent trop sur les usages du numérique et pas assez sur la fabrication et le recyclage des équipements.
L’obsession de la durée de vie des équipements
L’objectif est de faire évoluer la France vers un numérique sobre et responsable. Si cet objectif est légitime, on constate la focalisation dans cette feuille de route sur le fait de faire durer le plus longtemps possible les équipements et les logiciels existants, de quoi affaiblir nettement l’innovation. Ce message se retrouve tout au fil du document. Un premier pas concret est que l’Etat va soutenir la demande pour du matériel reconditionné avec sa propre politique d’achat.
Les acheteurs publics doivent acheter des produits numériques reconditionnés ou d’occasion
Les Data Centers sont aussi dans le viseur. L’Etat va imposer des objectifs de réduction de 40% de leur consommation énergétique d’ici 2030 à activité constante, de 50% en 2040 et de 60% en 2050. Ces objectifs seront fixés via le décret relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire.
Fin de l’obsolescence logicielle
Autre demande de la feuille de route ministérielle, les logiciels doivent être durables. Il s’agit de stopper l’obsolescence logicielle car cela contribue « largement » à la durée d’usage des équipements électroniques. Cette durabilité concerne les systèmes d’exploitation, les applications et les autres fonctionnalités. On sent qu’il va être difficile d’innover avec de telles contraintes.
Le numérique en France représenterait au moins 2% des émissions de gaz à effet de serre
On remarque au passage que la feuille de route demande que soit mis en place des méthodes de mesure de l’impact réel du numérique en France car cette information fait défaut. Les Data Centers pour leur part sont considérés comme pesant 14% de l’empreinte carbone du numérique français, selon une étude réalisée dans le cadre de la mission d’information du Sénat. Cela inclut les Data Centers étrangers utilisés pour les données consommées en France et dont le mix énergétique est plus carboné selon la ministre.
La fabrication des équipements émet 75% des gaz à effet de serre
En fait, l’impact le plus important en termes de gaz à effet de serre se concentre à plus de 75% sur la phase de fabrication des équipements, en citant l’exemple des téléviseurs, des ordinateurs et des téléphones, toujours selon la feuille de route. Si le fait de conserver le plus longtemps possible ces équipements va permettre effectivement de réduire l’impact en gaz à effet de serre lié à leur fabrication, la conséquence sera de réduire sérieusement l’innovation. Enjeu associé, la ministre reconnaît que 90% des équipements sont fabriqués hors de la France. Dès lors, la pression pour une fabrication plus respectueuse de la nature devra s’exercer sur des fournisseurs étrangers.
Moins de 40% des déchets d’équipements électriques et électroniques sont recyclés en Europe
Quand on parle d’informatique et d’écologie, on distingue usuellement le « green IT », c’est-à-dire la consommation énergétique de l’informatique, et « l’IT for green », c’est-à-dire la contribution de l’informatique à la réduction des gaz à effet de serre. Si la partie « green IT » est largement évoquée dans le document du gouvernement, l’usage du numérique pour réduire les gaz à effet de serre apparaît tardivement mais cependant significativement lors de l’évocation du financement des GreenTech. La ministre prévoit en effet 300 millions d’euros pour renforcer le financement des GreenTech. Les GreenTech sont présentées comme étant les startups qui développent des technologies à impact positif sur l’environnement et sur la transition écologique.
Mieux coordonner la multitude d’acteurs de l’Etat impliqués
Ce secteur des GreenTech est qualifié de « multiforme ». Le numérique lui-même en fait partie. Il est alors reconnu comme étant une technologie au service de « l’innovation verte ». L’utilisation du numérique est même qualifiée de tendance et de levier majeur des innovations GreenTech dans le document gouvernemental.
Au sein de l’État, le soutien aux entreprises et acteurs GreenTech, qui dépasse la seule thématique du numérique, se trouve assuré conjointement par différents acteurs publics. Cela concerne la mission French Tech, la direction générale des Entreprises, le ministère de la Transition écologique, Bpifrance et l’ADEME. L’objectif est désormais d’assurer une meilleure synergie et articulation des dispositifs au profit de l’écosystème des GreenTech françaises. Ouf, on a failli ne pas en parler. C’est la dernière page de la feuille de route.
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A l’heure du développement durable, le Green IT rebaptisé « frugalité ou sobriété numérique » ou « digital sustainability » fait son retour sur le devant de la scène. Concrètement, il s’agit de réduire l’empreinte écologique, ou les émissions de gaz à effet de serre dues à l’informatique et au numérique.
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