Une monnaie numérique en euro pour les particuliers ne verra pas le jour en Europe avant 2023. C’est ce que l’on comprend à l’écoute de François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France. Une expérimentation est en cours dont les enseignements seront tirés en 2023. Dans le même temps, les échanges interbancaires via blockchain sont testés. Quant au Bitcon, ce n’est pas une monnaie, c’est un investissement risqué, rappelle le dirigeant.
Le bilan des tests d’euro numérique de détail tiré en 2023
Les tests d’un euro numérique pour les particuliers sont en cours. « Nous avons lancé une expérimentation d’euro numérique de détail pour les particuliers au niveau de la banque centrale européenne. On fera les bilans de cette expérimentation en 2023 » indique le gouverneur de la Banque de France. Il a pris la parole sur le plateau de BFM Business, le 17 décembre. On constate que l’Europe prend son temps quand en Chine, les tests de monnaie numérique montent en puissance pour les particuliers.
« On vient de conclure des expérimentations très intéressantes sur l’interbancaire, une monnaie numérique utilisée entre banques »
Globalement, les objectifs annoncés de ce type d’expérimentation sont de réduire les coûts, améliorer la sécurité, réduire les risques et accélérer les opérations par rapport aux dispositifs existants. Le 16 décembre, la Banque de France annonçait avoir conduit avec succès son programme d’expérimentation de monnaie numérique de banque centrale (MNBC) à des fins de règlement interbancaire lancé en mars 2020. Cette expérimentation a été menée avec un groupement d’acteurs piloté par la banque HSBC et IBM comme partenaire technologique.
Une expérimentation de 4 mois entre Corda de R3 et Hyperledger Fabric d’IBM
HSBC a travaillé sur l’intéropérabilité entre blockchains. L’expérimentation a pris 4 mois. Les travaux ont été menés dans un environnement intégrant des Clouds publics et privés. Les registres distribués étaient basés sur Corda de R3 et sur Hyperledger Fabric d’IBM. Ils ont été intégrés à l’aide de l’outil d’interopérabilité Weaver d’IBM Research.
L’expérimentation a consisté en une émission de titres obligataires numériques sur une blockchain, réglés en MNBC.
« L’interopérabilité est clé pour maximiser les avantages des technologies de registre distribué »
L’intéropérabilité a été démontrée en réussissant le transfert de données et d’actifs ainsi que l’échange d’actifs entre différentes blockchains, de façon concomitante. Chez HSBC, on se félicite également de la démonstration de cette intéropérabilité. « Nous sommes ravis d’avoir été sélectionnés par la Banque de France pour mener cette expérimentation passionnante » déclare Mark Williamson, Managing Director GFX eRisk, Partnerships & Propositions chez HSBC. Il considère qu’une étape importante a été franchie dans la rationalisation des processus de règlement des titres et des devises DVP (Delivery Versus Payment : règlement-livraison) et PVP (Payment Versus Payment : paiement contre règlement) de bout en bout.
Gagner du temps, réduire les risques et améliorer la sécurité
« L’interopérabilité entre les différentes DLT [NDLR : Distributed Ledger Technology : registre distribué] et les différentes technologies était essentielle pour démontrer comment gagner du temps, réduire le risque de marché et améliorer la sécurité des transactions entre les banques centrales, les banques commerciales et, en fin de compte, nos clients dans le monde entier » commente-t-il.
La banque HSBC a testé une solution de règlement de titres, de devises étrangères et de monnaie digitale de banque centrale
Lors de l’expérimentation de HSBC, l’interopérabilité est démontrée entre différents registres, différents protocoles de blockchain et dans un environnement de Cloud hybride, reposant sur plusieurs Clouds. Il y a eu une démonstration d’une approche de règlement des opérations de change basée sur des tokens, qui pourrait être utilisée pour des cas d’usage de détail et de gros.
Un scénario transactionnel multi-actifs complexe réussi
La banque HSBC a réussi le test d’une capacité avancée de règlement via des tokens et des wallets numériques entre deux monnaies numériques de banques centrales (CBDC ou MNBC) dans un environnement de Cloud hybride. Elle a été exécutée avec succès sur plusieurs registres à l’appui d’un scénario transactionnel multi-actifs complexe. L’expérience a testé un cycle de vie transactionnel de bout en bout couvrant les CBDC (émission et attribution), les eBonds (règlement-livraison à travers l’émission primaire, le marché secondaire et les paiements de coupons), et les devises étrangères (tarification et paiement contre règlement).
« La Banque de France a été choisie, avec la Bundesbank pour accueillir l’innovation hub de la banque des règlements internationaux«
En conclusion, le banquier prévient qu’il convient de se méfier des investissements en Bitcoin et qu’il ne s’agit en aucune façon d’une monnaie. « Il est possible d’investir en bitcoin. Le bitcoin est un actif, ce n’est évidemment pas une monnaie. Cela n’a aucune des caractéristiques d’une monnaie. C’est un actif très spéculatif qui présente des risques et qu’il faut réserver à des investisseurs très avisés » conclut-il.
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