Le Big data est une révolution qui oblige les entreprises à se réorganiser. C’est ce que souligne le PDG d’Axa qui pose la question de l’éthique, du partage de données et de la redéfinition des services.
Ce 4 février, Henri de Castries, le PDG d’AXA entendait faire passer le message de l’importance que prennent aujourd’hui les données, le phénomène du Big Data, et l’urgence pour les entreprises dont la sienne à appréhender la problématique.
La communauté des Risk Managers
Le message est passé quitte à choquer légèrement son auditoire. Le PDG était l’invité des vingt-troisièmes rencontres de l’AMRAE qui se déroulent à Cannes. Ces rencontres réunissent toute la communauté hexagonale des Risk Managers, courtiers, assureurs et ré-assureurs.
« Ne soyez pas défensifs, ça ne sert à rien. C’est inévitable et ça peut être mortel » a –t-il assené au millier de professionnels du risque réunis dans la salle. Pour Henri de Castries, la révolution technologique que nous vivons actuellement doit être comparée à celles de la Renaissance et à la révolution industrielle du 19ème siècle.
Bouleversements politiques
C’est à la Renaissance surtout que l’on a vu de profonds bouleversements politiques, sociaux et culturels, l’époque ayant été marquée par l’invention de l’imprimerie comparable à l’invention d’internet. Il faut bien remarquer qu’aujourd’hui, « il y a une liberté totale des technologies, du capital et des talents. Et cette accélération du monde est une chance pour nous et nos clients mais aussi un risque car tous les business modèles sont menacés quelque soit les secteurs industriels. »
Néanmoins, une fois ce constat établi, il faut agir. « L’impact des données sur le métier d’assureur nous oblige à une grande modestie car nous ne savons pas tout et donc il va nous falloir travailler différemment. Mais c’est aussi une grande curiosité et nous devons nous y intéresser pour en bénéficier ».
S’approprier le savoir-faire
En sachant que les barrières d’hier sont tombées et que les assureurs doivent s’adapter. « Aujourd’hui, nous sommes en mesure d’accumuler des données comme nous n’avons jamais pu le faire auparavant. Mais si nous ne savons pas nous approprier ce savoir faire, d’autres le feront ».
Henri de Castries est ensuite revenu sur les questions que pose directement le big data à l’industrie de l’assurance. Va-t-il par exemple mettre fin à la mutualisation car il permettra d’individualiser les risques à un niveau de pricing extrême ?
La mutualisation redéfinie
« Cette rengaine est fausse. Mais il y aura une redéfinition de la mutualisation ». Quant à l’exploitation des données de santé, le débat est également ouvert mais doit se faire avant tout sous l’angle de l’éthique.
«Il y a des questions morales qui appellent à des réponses pratiques. Avoir les données permet de mieux connaître les risques des clients mais ces mêmes éléments ‘mal utilisés’ peuvent faire l’objet de dérapages et mettre en cause la relation de confiance entre l’assureur et ses clients. Sommes-nous prêts à transmettre à d’autres les données de nos clients ? » . Une question qu’Henri de Castries a pour le moment laissée en suspens mais qui ne manquera pas de revenir très vite au premier plan.
Florence Puybareau
Florence Puybareau est Journaliste spécialisée dans l'IT et dans l'économie depuis 25 ans. Après 8 ans au quotidien La Tribune, elle collabore depuis 2008 auprès de différentes rédactions dans l'IT. Elle suit les grandes tendances que sont le Big Data, le Cloud et la sécurité informatique. Elle intervient également dans le domaine de l'assurance, de la gestion des risques et des RH.