Philippe Douste-Blazy : « ne donnez jamais une donnée personnelle de santé à un assureur »

Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la santé, créateur de la startup Honestica

Quand il s’agit de données personnelles de santé, les Français ne doivent rien communiquer aux assureurs, aux banquiers ou aux employeurs. C’est le conseil de Philippe Douste Blazy, ancien ministre de la santé, et désormais créateur de la startup Honestica.

Les laboratoires pharmaceutiques à voir

Il a pris la parole lors de l’événement Keynote 2016 organisé par Maddyness le 20 janvier à Paris.  « Il ne faut jamais donner de données personnelles aux assureurs, aux employeurs, aux banquiers, » dit-il, « les laboratoires pharmaceutiques, il faut voir, » ajoute-t-il.

Il parle alors de données personnelles. Il est plus ouvert pour l’usage de données de santé anonymisées. L’ancien ministre est revenu sur son expérience du dossier médical personnel. « Le DMP est le plus grand échec de ma vie quand j »étais ministre de la santé en 2004 » déclare-t-il. Il croyait pourtant en ses vertus qu’il s’agisse d’accélérer les diagnostics, de détecter les risques liés à certains médicaments ou de réduire les coûts médicaux.

« En France, on dépense 30 milliards d’euros par an en examens redondants, » pointe-t-il. « Vous vous blessez, on va vous faire faire une radio, et si vous devez aller à l’hôpital, on va refaire cette radio, on ne tient pas compte de la radio que vous avez faite dans le privé, » illustre-t-il.

Mediator et sclérose en plaques

« Avec le DMP, on aurait vu en quelques mois et pas en années, que le Mediator créait des complications indésirables, » souligne-t-il. « De plus, on avait dit que la vaccination contre l’hépatite B créait des risques de sclérose en plaques, on aurait vu que c’est faux grâce au DMP, » martèle-t-il.

Depuis, il pense faire renaître ce dossier au sein de sa startup Honestica, où il est associé à Frank Le Ouay, l’un des cofondateurs de Criteo. Il s’agit de faire en sorte que chaque patient soit propriétaire de son dossier médical, et non que ce dossier soit conservé dans telle clinique ou tel hôpital.

Au passage, il glisse une pique contre les grandes organisations. « J’ai découvert le monde des startups, le monde des 20-30 ans, où il y a une envie, une flexibilité, une détermination, une modernité dans l’approche des dossiers, que je n’avais pas connues comme fonctionnaire hospitalier public, que ce soit comme médecin ou comme ministre à la tête d’une administration énorme, » constate-t-il.

En ce qui concerne le dossier médical personnel, il pointe une erreur de point d’entrée pour sa réussite. « La création d’un dossier médical personnel a échoué chez les Américains parce qu’ils partent du patient, il faut partir du médecin, » affirme-t-il.

« C’est lui qui dans le cadre de la relation de confiance avec le patient va pousser cette solution. Mais il faut lui vendre ce dossier médical comme un moyen de gagner du temps, de la productivité, une heure de gagnée par jour, et pas comme de la paperasse supplémentaire, » recommande-t-il.

Expérimentation en mars

Sa société va débuter l’expérimentation en mars prochain de sa solution auprès d’un hôpital toulousain. « Les comptes rendus de sortie de l’hôpital sont encore envoyés par la Poste, » dit-il, « nous proposons de les gérer électroniquement. » Et il mise sur les médecins hospitaliers pour faire le succès de ce dossier médical électronique.

« L’évolution de la médecine est de passer d’une médecine curative individuelle – qui coûte très cher – à une médecine communautaire et préventive, grâce au Big Data, » conclut-il.

L’arrivée de vrais objets connectés de santé

Philippe Douste-Blazy, ancien ministre de la santé, médecin, 30 ans de carrière, se réjouit de l’arrivée des véritables objets connectés de santé, au-delà des trackers de bien être, qui mesurent notre nombre de pas au quotidien.

« Les semelles intelligentes pour diabétiques vont pouvoir avertir le patient et son médecin quand un ulcère se développe, car le diabète s’accompagne de troubles neurologiques qui enlève la sensibilité de la plante des pieds, » décrit-il, soulignant que le diabète est un sujet de santé mondial.

De même, « l’électrocardiogramme de poche suit les troubles du rythme cardiaque et peut empêcher une mort subite, » pointe-t-il, un domaine où la France est en avance. Idem pour la tension artérielle.

Pour autant, il ne peut s’empêcher de noter un décalage entre la haute technologie employée dans les soins, et les systèmes informatiques des hôpitaux publics français. « Je suis surpris du décalage entre la modernité de l’équipement  hospitalier dans l’hôpital public français, dans les services de soins intensifs de cardiologie, on va jusqu’à proposer des valves cardiaques en titane pour les patients d’un côté, et la vétusté des équipements informatiques de l’autre, » conclut-il.

Une réaction sur “Philippe Douste-Blazy : « ne donnez jamais une donnée personnelle de santé à un assureur »” :

  1. Gaches Catherine

    le Dr Douste Blazy a beau jeu de dire que l’on aurait su tout de suite qu’il n’y avait pas de risque de SEP suite à la vaccination hépatite B.
    L’étude du Dr Dominique Le Houézec lui démontre le contraire:
    ww.revahb.fr/Files/Other/Documents/Traduction_Etude_Dr_LE_HOUEZEC_14_11.pdf
    Le risque des déviances est grand si les laboratoires pharmaceutiques ont accès aux données des patients de prévoir le marché financier et commercial de demain. Il faut absolument mettre en place des garanties à ce niveau là.
    De plus, il est important que les patients soient informés du contenu du dossier médical, et ils doivent avoir leur libre arbitre, s’ils ne souhaitent pas avoir un dossier médical informatisé il est important de le respecter.

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  2. Foucras Lucienne

    Le sieur Douste-Blazy est gonflé. Il serait bien content si la vaccination de masse qu’il a lancée effrontément en majorant de façon fantastique les chiffres et les risques n’avait eu aucune conséquence. Les SEP ? Il suffit de regarder autour de soi pour voir qu’elles ont explosé dans les années 1994- 2000. Il ferait bien de lire l’étude du Dr Le Houézec. Et que fait-il des autres maladies ? Des enfants morts d’aplasie médullaire ? Des hommes et les femmes morts de SLA ? De ceux et celles qui traînent des polyarthrites, des lupus, des Guillain Barré sévères, et de ceux qui sont condamnés au fauteuil roulant pour le reste de leur vie? Il ferait mieux de nous dire quelles étaient ses relations exactes avec SKB, le SNIP et le laboratoire Pierre Fabre à un moment où il avait tant besoin de financement pour sa campagne législative de 1993…

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  3. FREDERIC VALLUET

    Étrange intervention :
    – Aucun argument pour expliquer pourquoi il ne faut pas partager de données de santé avec un assureur, alors même qu’un pourcentage important de personnes souhaite le faire, et plus particulièrement chez les séniors, que des produits basés sur ces échanges existent dans d’autres pays et montrent des résultats impressionnants en termes de santé publique, et que les assureurs sont vus par les clients comme plus à même de gérer correctement et éthiquement des données sensibles que les autres acteurs économiques.
    – Une assertion concernant l’échec du dossier médical personnel aux États-Unis, alors même que ICA par exemple propose une plateforme d’échanges électroniques de données médicales entre praticiens et établissements médicaux.
    – La découverte « [du] monde des startups, le monde des 20-30 ans, où il y a une envie, une flexibilité, une détermination, une modernité dans l’approche des dossiers », ce qui laisse rêveur que la capacité préalable d’analyse et d’ouverture au monde économique réel.
    – Une expérimentation (?) de la digitalisation des compte-rendus hospitaliers, comme si cela n’existait pas encore, alors que c’est disponible chez de nombreux praticiens et établissements en France depuis des années…
    Bref, une vision restrictive et arrêtée du futur de la santé, mais pas très éclairée malheureusement.

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    • Bfree

      Étrange intervention:
      – Aucun argument pour étayer le « pourcentage important » de personnes souhaitant partager ses données, plus particulièrement chez les seniors qui sont moins sensibles à la technologie et sont moins équipés que les plus jeunes.
      – Aucun argument ou exemple pour étayer les « résultats impressionnants » dont vous prétendez l’existence.
      – Etonnant d’affirmer que les assureurs seraient plus vus comme dignes de confiance pour gérer ces données « éthiquement », notamment face à l’état dont le rôle est de protéger sa population alors que les assureurs n’ont comme objectif que la marge financière.

      Le reste étant plus une attaque ad-hominem, je vais me permettre la mienne. Enfin, non, ce ne sera pas une attaque, juste une information: le profil LinkedIn public de Frédéric Valluet indique:
      Insurance Expert – Business, Financial and Digital Transformation Facilitator,
      ce qui en « bon » français donne:
      Expert en assurance – Affaire, finance et digital facilitateur de la transformation.
      Bref, votre business est de développer la récupération et l’utilisation par les assurances des données de leurs clients. Soit l’exact inverse de ce que préconise Douste-Blazy.

      A défaut d’être expert du domaine, je ne peux que vous renvoyer dos à dos dans cette affaire ou vous montrez l’un comme l’autre une mauvaise foi évidente dans vos arguments sans fondements.
      Le bon sens commun voudrait que l’état soit prIvilégié dans la conservation de ces données sensibles hors des intérêts business puis la solution de Mr Douste-Blazy dont le métier est la confidentialité et surtout pas les assureurs dont le métier n’est ni la santé publique ni la confidentialité mais bien la marge financière.

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