Prédire la rentabilité d’un film français avant son tournage grâce au Smart Data

Quelle peut être la rentabilité d’un investissement dans un film français ? Il semble désormais possible de répondre à cette question à partir d’une base de données comprenant 2600 films, de janvier 2001 à mai 2014, enrichie de 300 données utiles.

Des producteurs confirmés

C’est ce que promet  Dominique Monera, mathématicien et financier de formation, ayant 30 ans d’expérience. Il a développé des algorithmes de prédiction. Les variables fortement prédictives ont été identifiées en collaboration étroite avec des producteurs confirmés.

Le modèle prédictif final a été construit en testant à la fois les techniques économétriques de type Logit, une fonction mathématique utilisée en statistique, et les méthodes géométriques de type analyse des données.

Crédit à la consommation 

Pour Dominique Monera, « cette rencontre des mathématiques avec le cinéma rappelle celle des mathématiques et du crédit à la consommation dans les années 90. » Il pointe que les mathématiques ont révolutionné les méthodes d’évaluation des risques d’impayés. Quant au cinéma, « jusqu’à présent, les rares modèles existants pour le cinéma permettaient uniquement de prédire le succès d’un film 1 mois avant sa sortie et donc après financement » constate-t-il.

L’outil qu’il a développé – baptisé Movie Box Office – doit permettre à des investisseurs de soutenir le financement de films français en complément des chaînes de télévision, tout en assurant la rentabilité de leur investissement. L’outil est commercialisé par la société Vistale créée par Dominique Monera. Vistale entend développer des produits de placement pour les investisseurs privés à partir de sa technologie.

L’investissement dans le cinéma français est à la baisse depuis 5 ans. Il est passé de 1,4 milliard d’euros en 2010 à 1,1 milliard prévus en 2014.

 Illustration : scène du film Bienvenue chez les chtis, un des derniers triomphes du cinéma français. 

Une approche statistique pour prévoir le succès d’un film au démarrage d’un projet

L’algorithme mis au point par Dominique Monera tient compte de paramètres déjà bien connus du monde du cinéma. Il s’agit par exemple de savoir si les acteurs sont « bankables, » la force du scénario, si le réalisateur est connu, la date de sortie, la concurrence le jour de la date de sortie, le genre, etc. Sur 100 films, l’algorithme permet de détecter les dix parmi lesquels 7 seront des succès. Un succès étant un film dont le budget est au moins à l’équilibre.

Dominique Monera cite plusieurs statistiques. Par exemple, s’il y a trois acteurs rentables au générique, le taux de succès d’un film est de 35%. Sans acteurs « rentables », le taux de succès tombe à 19%. Autre cas, s’il y a trois acteurs connus, le taux de succès est de 31%. Ce taux n’est plus que de 21% si tous les acteurs sont inconnus.

L’impact du scénariste ou du réalisateur est nettement plus fort. Si le scénariste est rentable, le taux de succès est de 37%, sinon, de 3%. Si le réalisateur est rentable, le taux de succès est de 43%, sinon de 2%. Le genre a son importante également. Si le film est une comédie dont la fin est heureuse, le taux de succès est de 30%, sinon de 15%.

Autres paramètres importants : le nombre de films français qui sortent au même moment, et si un blockbuster est présent au même moment ou pas. Enfin, le fait que le réalisateur ou le producteur aient été récompensés par la profession a un impact plutôt modéré. Si l’un ou l’autre a reçu un prix, le taux de succès est de 30%, sinon de 21%.

Une forte expérience de la banque

Dominique MoneraDominique Monera est mathématicien et financier de formation. Il connaît la banque et le monde des assurances, un expérience de 30 ans acquise au sein du groupe Sovac (Lazard/Général Electric), du Crédit Lyonnais (LCL) et d’Allianz France. En 2003, il a reçu un prix pour le CRM du Crédit Lyonnais, et en 2007, il remporte le Prix de l’Innovation d’Allianz Monde, seule fois où la France est lauréate. Cinéphile, il quitte Allianz en 2013 pour créer la société Vistale dans laquelle il développe une activité de producteur.

 

Une réaction sur “Prédire la rentabilité d’un film français avant son tournage grâce au Smart Data” :

  1. Magali

    Un article qui fait froid dans le dos. Il n’y a pas de formule magique à la création, et vouloir la rationaliser par les mathématiques ne peut que contribuer à l’appauvrir. Quelle tristesse.

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  2. Laurent

    A la lecture de cet article on peut se demander si certains films français seraient sortis en appliquant cette méthode. « Les bronzés » écrit et interprété par des inconnus n’aurait pas passé le stade de l’idée. Le film « Les Tontons flingueurs » mis en scène par un jeune assistant réalisateur, réunissant des acteurs à contre-emploi et inspiré d’un roman noir réunissait tout les critères pour ne pas voir le jour. Et pourtant ces deux films, pour ne citer qu’eux, font partis du patrimoine cinématographique. Les méthodes prédictives peuvent être utiles mais il faut aussi se laisser une part d’incertitude.
    La prévision est un art très difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir.

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