Programmer sans coder ? Tout le monde peut le faire en entreprise

Une vague de nouveaux outils permet aux non informaticiens de développer des applications en entreprise. Ces développeurs inhabituels secouent les entreprises par le désir de “faire”.

Peut-on se passer des développeurs ? Dans certains cas, c’est possible, et ce n’est pas du luxe. Les équipes métiers font face à un monde extrêmement complexe évoluant très vite.  Face à leurs enjeux, il devient illusoire qu’un progiciel du marché ou qu’un développement interne puisse répondre à leurs besoins à un instant donné. Il leur faut des solutions créées rapidement, à durée de vie incertaine allant de quelques mois à quelques années, s’insérant dans l’existant.

« do it yourself »

D’où l’idée de permettre aux métiers de « faire » leur application, mais dans un contexte approuvé ou construit par la DSI. On parle de « Citizen Developer », en fait un utilisateur final, non professionnel de l’informatique, qui cherche à créer une application sur des environnements et des outils offerts par la DSI.

Ainsi, le métier fabrique ses propres outils avec des données qui sont exportées de manière contrôlée et qui sont déployées en respectant les standards de la DSI. On évite l’écueil du « shadow IT », qui court-circuite la DSI au risque de mettre en danger la cohérence et la sécurité du système d’information.

Des outils où on ne code pas

Une liste d’outils conséquente s’est constituée au fil du temps. Cela comprend des solutions tels que BlockSpring, plateforme qui donne accès à des APIs de Machine Learning ou à des outils de création de tableaux de bord à partir d’Excel, ou des outils tels que IFTTT (if this that than, « si ceci alors cela ») et Zapier qui permettent aux utilisateurs de créer des intégrations et des workflows simples entre des applications en mode SaaS (Software as a service) et locales.

Pour des workflows plus complexes et des intégrations de « web service », on s’orientera plutôt vers des outils comme K2, ou ROK. Quant à la création de petites applications basées sur la réutilisation et le chaînage de briques logicielles réutilisables, on utilisera Appery, Microsoft PowerApps, Intuit QuickBase ou Saleforces App Cloud.

Toutes ces solutions mettent en avant le fait que les applications peuvent être créées sans écrire une ligne de code ! En réalité, il faudra souvent en écrire parfois un peu, d’où le surnom de solutions « low code » ou à faible niveau de codage.

La co-création via des modèles

Dans la foulée, l’émergence du « citizen developer » qui veut créer mais pas toujours coder a redonné vie au marché des ateliers de modélisation avec génération de code. Dans ce cas, il s’agit de co-construire. Un analyste est là pour accompagner le métier, et s’appuie sur un modèle fonctionnel de l’application qui est stable, indépendant de la technologie et compréhensible par le métier.

La co-création d’application d’entreprise se fait alors via des modèles, qui servent ensuite à la génération de l’application. La génération de code offre alors immédiatement la sécurité, les APIs standard de type JSON/REST, le suivi des actions des utilisateurs et de la gestion des données, le reporting, et la partie recherche.

L’objectif est d’aller vite, de pouvoir itérer souvent, avec des coûts de mise en œuvre qui dépendent avant tout de la connaissance du métier et des modèles de données à importer. Dans cette catégorie on peut citer des plateformes comme GenerativeObjects, Mendix, ou TrackVia.

En particulier, GenerativeObjects est une société française basée à Issy Les Moulineaux qui a par exemple travaillé avec la DCNS – qui vient de remporter un fameux contrat de 34 milliards d’euros avec l’Australie pour la fabrication de sous marins – . La même société vient de réaliser une application de démonstration basée sur les données ouvertes des médicaments.

Les besoins métiers pas toujours pris en compte

Pendant des années, les entreprises ont considéré que c’était à la DSI de répondre aux besoins des métiers. Il fallait donc passer par la description des besoins, puis par la recherche de solutions (à fabriquer ou à acheter), le choix des fournisseurs, et la mise en œuvre du projet. Les résultats obtenus étant très souvent en deçà des espérances, avec des budgets fréquemment dépassés.

Pour augmenter les chances de succès des projets, les techniques « agiles » sont apparues. L’idée étant d’éviter l’effet « tunnel » (de longs mois de spécifications et codage sans rien voir venir) et de mettre en œuvre de manière itérative et avec des équipes intégrées (métier et DSI ensemble). Si ces processus ont permis d’améliorer les résultats attendus, ils impliquent fortement les ressources de la DSI et sont donc par essence limités. De nombreux besoins Métier ne pouvant pas être pris en charge, les Métiers ont donc dû trouver des solutions de contournement.

L’émergence des progiciels en mode SaaS ouvre de nouveaux horizons. Précédemment, lorsqu’un utilisateur voulait créer une « fonctionnalité » ou une « petite application », et qu’il ne pouvait pas lancer un projet au sein de la DSI, il devait se débrouiller seul.

Les outils tels qu’Excel ou Access ont servi à construire des ilots de fonctionnalités en bordure d’un coeur de progiciels rigides. Désormais, le mode SaaS permet aux métiers de choisir, acheter et déployer des logiciels très rapidement, et parfois, sans en avertir la DSI ou en la mettant devant le fait accompli. On parle désormais de « Shadow IT », phénomène qui prend de l’ampleur.

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William El Kaim

William El Kaim est expert reconnu de la transformation digitale. Consultant indépendant, et auteur pour la Revue du Digital, il a exercé les responsabilités de "Marketing Technology Director" dans le domaine du voyage d'affaires. Il a contribué à l'invention de multiples concepts et produits digitaux, ainsi qu'au déploiement réussi d'un réseau social d'entreprise.

Une réaction sur “Programmer sans coder ? Tout le monde peut le faire en entreprise” :

  1. Hébergement informatique

    C’est possible de programmer sans coder, et j’en ai fait l’expérience et je vous confirme que c’est exaltant. Se rendre compte qu’on est capable de faire des choses aussi minimes qu’elles soient par rapport aux compétences des développeurs professionnels vous donne totalement un bon coup de boost à notre fierté.

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