Renault se met en ordre de marche pour commercialiser ses services de mobilité

Clotide Delbos, CEO de Mobilize auprès du EZ-1

L’entité Mobilize de Renault, la marque des nouvelles mobilités créée par le constructeur automobile, est appelée à monter en puissance. Elle va disposer de ses propres forces commerciales pour vendre des solutions de mobilité, d’énergie et d’accès aux véhicules via des gestionnaires de flottes ou des opérateurs, le tout financé avec RCI Bank and Services, l’établissement financier propre à Renault. Mobilize proposera des services de données à d’autres marques et partenaires.

Constituer 20% du chiffre du groupe Renault dans 10 ans

« Notre objectif est de contribuer à plus de 20% du chiffre d’affaires du groupe Renault en 2030 » annonce Clotide Delbos, CEO de Mobilize, également DG déléguée et directrice financière du groupe Renault. « Le monde de l’automobile passe de la propriété à l’usage, quand et où vous en avez besoin » pointe-t-elle. La dirigeante a détaillé les ambitions de Renault en matière de services le 14 janvier à l’occasion de la présentation de la nouvelle stratégie de Renault, « Renaulution » par Luca de Meo, CEO du Groupe Renault.

Renault veut conquérir de nouveaux territoires de croissance, les services de mobilité, d’énergie et de données

La possession de son propre véhicule n’est plus un objectif pour tous les clients. Dès lors, le constructeur évolue vers des services d’auto partagée, de VTC (transport avec chauffeur) ou de livraison du dernier kilomètre.  « Nous allons au-delà de l’automobile. Nous allons conquérir de nouveaux territoires de croissance. La chaîne de valeur évolue très rapidement. Les bassins de valeur se déplacent vers des services de mobilité, d’énergie et de données. Au total, ces 3 groupes de valeur augmenteront de 40% entre 2019 et 2030 pour dépasser 370 milliards d’euros rien qu’en Europe et ce sera le terrain de jeu de Mobilize » décrit la dirigeante.

Mobilize proposera l’accès aux véhicules et aux services de mobilité, en direct ou via des entreprises ou des villes. « Nous allons créer une expérience client intégrée et sans couture. Nous exploiterons nos données propriétaires issues de nos véhicules connectés et de nos services de mobilité » ajoute-t-elle. Pour ses services, Mobilize s’appuiera sur des véhicules conçus sur mesure pour les nouvelles tâches. « Nos véhicules seront conçus sur mesure pour les services de mobilité. Leur robustesse, leur légèreté et leur modularité permettront d’optimiser leur coût d’exploitation. Le fait d’être électriques leur permettra d’accéder aux villes à tout moment et partout » décrit-elle.

Le prototype du EZ-1 électrique à 2 places destiné à l’auto partage

L’auto partage rentable à Madrid avant la Covid-19

Renault sait gagner de l’argent avec les services de mobilité considère Clotide Delbos qui cite le cas de Zity, un service d’auto partage à Madrid, opéré avec des véhicules Zoe. « Nos services avaient déjà atteint le seuil de rentabilité avec Zity avant la Covid-19. C’était un mélange réussi de l’usage d’un algorithme et des concessionnaires Renault. Imaginez l’impact en utilisant Spring [NDLR : véhicule de la marque Dacia du groupe Renault] qui est 2 fois moins cher. En moyenne, nous visons de réduire les coûts d’exploitation d’au moins 20% » présente-t-elle.

« Nous savons fabriquer des véhicules conçus sur mesure pour les services de mobilité et faire des affaires avec« 

La dirigeante affiche son optimisme face aux nouveaux enjeux. « Nous savons fabriquer des véhicules conçus sur mesure pour les services de mobilité. Nous savons comment faire des affaires avec ces voitures au delà de leur vente. RCI peut fournir un large éventail de solutions. Nous fournirons des données, de l’intelligence artificielle, des plateformes de mobilité ainsi que les meilleurs services connectés embarqués de leur catégorie » commente-t-elle.

L’informatique et l’intelligence artificielle seront employées pour améliorer le taux d’utilisation des véhicules. « Nous allons augmenter l’utilisation des voitures grâce à nos plateformes de mobilité, de données et d’intelligence artificielle. Nous nous appuierons sur la Renault Software Factory, la Software République et les partenaires pour développer des algorithmes et des logiciels de traitement de données de pointe. Cela permettra de mieux prédire la demande et de mieux répartir les véhicules. Nous visons d’augmenter le taux d’utilisation des véhicules d’au moins 20% » avance-t-elle.

Le concept EZ-flex sera commercialisé pour la livraison du dernier kilomètre

Reconvertir les batteries des véhicules pour stocker de l’électricité

Côté énergie, Mobilize va tirer parti de la Re-Factory située à Flins de Renault pour prolonger la durée de vie des véhicules et des batteries. « Nous proposerons des services d’entretien et de recyclage pour des flottes de car sharing. A la Re-factory, nous pouvons recycler les batteries électriques usagées en leur donnant une seconde vie comme source d’énergie stationnaire. Cela permettra de générer au moins 1000 € par batterie » se félicite-t-elle. Les batteries des voitures peuvent en effet être reconverties en tant que dispositif de stockage d’électricité en les installant dans une maison ou dans un local technique.

Pour ses services, Mobilize va s’appuyer sur une gamme de véhicules adaptée à l’auto partage, au VTC et à la livraison du dernier kilomètre

Pour ses services, Mobilize va s’appuyer sur une gamme de véhicules adaptée à l’auto partage, au VTC et à la livraison du dernier kilomètre. Cela comprend EZ-1, un véhicule à 2 places et électrique. Il est adapté aux utilisateurs finaux et aux opérateurs. Les batteries sont interchangeables. Pour les opérateurs, Mobilize propose un véhicule Dacia à 4 places, tout électrique. Pour les applications de VTC, Mobilize propose un véhicule avec une autonomie de 400 km, et pour les livraisons du dernier kilomètre, Mobilize propose un véhicule inspiré de son concept EZ-flex.

Outre une unité commerciale dédiée, Mobilize aura sa propre équipe d’ingénierie et de conception, sa propre offre de services en matière d’énergie, de données, et de mobilité. Elle bénéficiera également de Renault Ventures pour travailler avec des startups. Et au-delà du numérique, Mobilize compte s’appuyer également sur le réseau des 6000 concessionnaires en Europe pour étendre son offre de services et sa portée géographiques. Afin de faciliter l’acquisition de flotte de véhicules, Mobilize s’appuiera sur les services financiers délivrés par RCI afin que les opérateurs de flottes puissent soit s’abonner, louer ou payer à l’usage. « De cette façon le coût de possession de la flotte peut devenir variable » précise la dirigeante.

Trois enjeux critiques pour l’automobile

Au final, avec Mobilize, Renault veut répondre à 3 enjeux critiques de l’automobile. Le premier est la sous utilisation d’un véhicule par son propriétaire. « Les gens paient 100 et utilisent 10 » reconnaît Clotide Delbos. Le second est la perte rapide de valeur d’une voiture. « Il y a une baisse de la valeur du véhicule de plus de 50% imposée après 3 ans, indépendamment de l’obsolescence physique du produit. Nous allons lutter contre cette dictature de la valeur résiduelle » déclare-t-elle. Le dernier point est la réduction des émissions de CO2 dues à l’automobile. « 15% des émissions de CO2 viennent de l’industrie automobile en Europe. Nous essayons d’obtenir un impact zéro » termine Clotilde Delbos.

Un plan stratégique en 3 phases pour Renault

Luca de Meo, CEO du Groupe Renault martèle qu’il « passe sa priorité du volume à la valeur ». Il veut vendre moins de véhicules mais faire plus de marge. Concrètement, pour y parvenir le plan stratégique « Renaulution » est structuré en 3 phases qui sont déjà en cours de réalisation en parallèle. La phase « Résurrection » s’étend jusqu’en 2023. Elle vise à réduire les coûts, à améliorer les marges et à générer du cash. « Nous sommes en plein dans cette étape. Tous nos efforts vont dans le sens de la compétitivité » souligne le CEO. 

Le modèle économique de Renault doit basculer vers la technologie, l’énergie et la mobilité

La phase « Rénovation » pour sa part se poursuit jusqu’en 2025. « Nous bénéficierons d’une gamme entièrement nouvelle, électrifiée, se recentrant sur les véritables gisements de bénéfices » décrit-il. Cette phase verra le renouvellement et l’enrichissement des gammes, afin de contribuer à la rentabilité des marques. Enfin, la phase « Révolution », quant à elle démarrera en 2025. Elle doit faire basculer le modèle économique de Renault vers la technologie, l’énergie et la mobilité afin que Renault soit un précurseur dans la chaîne de valeur des nouvelles mobilités. 

« Nous allons faire de Renault une marque de la techno, de l’énergie, des services » annonce Luca de Meo. Pour le dirigeant, les constructeurs automobiles traditionnels doivent se recentrer sur la chaîne de valeur de la nouvelle mobilité. Les attentes des clients sont plus larges. Pour Renault, il s’agit de devenir un acteur dans les données, les services et l’énergie. « Nous sommes en place pour devenir un leader dans cette course en dépistant les opportunités qui feront que notre entreprise sera moins tributaire du business traditionnel » conclut-il. 

EZ-1 facturé en fonction du temps d’usage ou du kilométrage
EZ-1 est un véhicule de la marque Mobilize. Cette solution de mobilité urbaine est conçue pour un usage partagé. Sa commercialisation sera innovante. Ses utilisateurs ne paieront que ce qu’ils utilisent, sur la base du temps ou du kilométrage. Connecté, le véhicule propose un accès sans clé et interagit avec ses utilisateurs via leur smartphone. Le véhicule est électrique et compact, destiné à 2 personnes. Il mesure 2,3 mètres de long pour une empreinte au sol minimale. Les portes vitrées de haut en bas offrent aux utilisateurs une large vue sur la ville. EZ-1 est doté d’un système d’échange de batterie. Cette alternative aux infrastructures de recharge traditionnelles permet une utilisation en continu du véhicule. EZ-1 est construit selon les principes de l’économie circulaire. Il est fabriqué avec 50% de matériaux recyclés et, à sa fin de vie, il sera recyclable à 95 % dans la Re-Factory de Flins.

Une réaction sur “Renault se met en ordre de marche pour commercialiser ses services de mobilité” :

  1. Ouzilleau

    Renault ferait mieux de s interesser au smart business, a savoir les services consommes en mobilite et dont le constructeur pourrait tirer a coup sur un profit considerable : prise d energie, parking, drive… En s intermediant dans la chaine de valeur pour en devenir operateur…

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