Les Archives nationales conservent désormais la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges dans deux capsules contenant les deux premiers documents numérisés fixés sur ADN. Elles sont rangées dans l’Armoire de Fer qui contient les plus précieux documents des Archives nationales.
Deux capsules de stockage de l’ADN distinctes
Dans le cadre du projet « La Révolution de l’ADN », deux DNA Drive différents ont été créés : un pour stocker la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et l’autre pour la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791. Chaque DNA Drive a été stocké dans des capsules DNAshell distinctes. Chaque capsule contient plus de 100 milliards de copies du fichier sous forme d’ADN. À plusieurs reprises, les chercheurs ont pu ouvrir des capsules, séquencer l’ADN contenu et vérifier que l’on pouvait récupérer le fichier avec une fidélité de 100%. Ces deux textes historiques sont donc désormais conservés pour des milliers d’années.
Le projet a permis d’obtenir une preuve de concept de la fonctionnalité de la technologie DNA Drive. Les capsules contenant les deux DNA Drive ont été exposées lors de la conférence de presse du 23 novembre 2021, et officiellement été enregistrées par les Archives nationales comme premières archives sous forme ADN. Ce stockage est extrêmement compact. L’intégralité des données mondiales pourrait tenir dans 100 g d’ADN, soit le volume d’une tablette de chocolat. On peut stocker jusqu’à 450 millions de To par gramme d’ADN.
Une durée de stockage en dizaines de milliers d’années à température ambiante
L’ADN présente l’atout d’être non énergivore. Il est stable à température ambiante sans aucun apport d’énergie s’il est conservé dans des conditions adéquates, c’est-à-dire sans eau, ni air, ni lumière. Côté durée de stockage, la stabilité de l’ADN se compte en dizaines, voire en centaines de milliers d’années, ce qui est incomparable avec celle des supports numériques actuels.
Le projet a été mené en partenariat avec le CNRS, Twist Bioscience, entreprise américaine spécialiste de la synthèse d’ADN, et Imagene, entreprise française spécialiste de la conservation à long terme de l’ADN. Pour relire l’information, un peu de l’ADN est déposé dans un séquenceur. Une fois la séquence d’ADN relue, l’algorithme DNA Drive est utilisé pour la convertir en information binaire qui est ensuite décompressée numériquement afin de retrouver le ou les fichiers d’origine.
Reste que deux problèmes de taille subsistent, le coût et la rapidité de lecture des données. « Le stockage ADN coûte 1000 € par Mo contre 100 € par To pour un disque dur » relève Emily Leproust, fondatrice de Twist, citée par France Info. Quant à la rapidité de lecture, l’ADN convient pour l’archivage à long terme et non pour des données utilisées au quotidien.